Portraits

Humour noir iconoclaste

Le festival Cinespaña organise un clin d'œil au réalisateur basque, qui viendra discuter de son travail à la Cinémathèque de Toulouse entre le 29 septembre et le 8 octobre 2006. La biographie qui suit est intégrée au catalogue de cette 11ème édition.
Alex de la Iglesia
Né à Bilbao en 1965, Álex de la Iglesia exerce tout d'abord ses talents dans la BD, ce qui lui ouvre la porte du cinéma en tant que décorateur puis directeur artistique. En 1991, son court-métrage Mirindas Asesinas est remarqué par Pedro Almodovar qui produit son premier long, Acción mutante, en 1992 : à travers une approche gore satirique, il annonce le ton de ses œuvres suivantes avec des personnages marginaux, anormaux, contre la société établie et mercantiliste. D'ailleurs Álex de la Iglesia ne cache pas son attirance pour ce genre de personnages : « J'ai toujours eu plus de sympathie pour l'anormal. [...] Ce qui m'intéresse ce sont les personnages qui ne sont surtout pas des héros, des gens qui trahissent, qui mentent, qui tuent, qui se trompent, qui doutent... ».

Après la science fiction, il aborde le film satanique avec Le Jour de la bête (1995), succès populaire en Espagne et film culte, subversif et anti-conformiste (6 Goya dont celui du Meilleur Réalisateur) ; le road-movie violent avec Perdita Durango (1997), tourné en anglais entre le Mexique et les Etat-Unis ; la comédie noire et pathétique avec Muertos de risa (1999), critique acerbe de la télévision et de la célébrité basée sur l'aspect le plus vil du comique ; le western nostalgique avec 800 balles (2002), hommage aux westerns spaghetti.

Avec Mes chers voisins (2000, 3 Goya), Álex de la Iglesia acquiert la notoriété en France. A travers l'inquiétante communauté des copropriétaires de l'immeuble il fait entrer l'horreur et le machiavélisme dans le quotidien. Enfin en 2004, la cible d'Álex de la Iglesia est la réussite superficielle des vendeurs avec Le crime farpait, condensé d'humour noir et de fantastique où triomphe le personnage le plus anormal.

Álex de la Iglesia, mêlant des inspirations classiques et « trash », a ainsi popularisé la comédie noire et le fantastique décalé dans le cinéma espagnol, et par là même ouvert la voie à d'autres réalisateurs et à un cinéma différent. Les nombreux prix nationaux et internationaux qui ont récompensé son œuvre sont autant d'indicateurs de son talent et de sa notoriété auprès de la critique et du public.

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Filmographie
 
Acción mutante (1992)
Le Jour de la bête (1995)
Perdita Durango (1997)
Muertos de risa (1999)
Mes chers voisins (2000)
800 balles (2002)
Le Crime farpait (2004)
Películas para no dormir - segment "La Chambre du fils" (2006)
Crimes à Oxford (2008)
Balada triste (2010)
La chispa de la vida (2011)
 

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