Films
La trilogie flamenca : Noces de sang (1)
Un triple coup de maître
Ce film est composé de trois mains de maîtres : inspiré de l’œuvre éponyme « Bodas de sangre » de Federico García Lorca, Carlos Saura convoque devant sa caméra Antonio Gades pour chorégraphier la pièce et en interpréter le rôle principal. Le réalisateur nous transporte dans une répétition générale d’une troupe : de l’arrivée dans les coulisses des « bailaores » (danseurs flamencos), « cantaores » (chanteurs flamencos) et musiciens jusqu’à leur performance sur le parquet de la salle. Tout cela sous le regard avisé de Saura, cherchant à nous plonger au cœur d’une culture flamenca incarnée et profondément humaine.
Le flamenco pour tous
Le premier opus de la trilogie flamenca du réalisateur aragonais s’adresse autant à un public déjà initié et passionné qu’aux néophytes. Le savoureux mélange de pas de danse, de chant et de guitare flamenca magiquement rythmé par le compas est mis en lumière par une succession de plans serrés et de plans larges. On apprécie tantôt la rage et la grâce (expression empruntée au photographe René Robert, dont les photos font écho aux gros plans du film) qui se dégagent de leur visage, tantôt le jeu de jambe (taconeo) de l’ensemble des acteurs. Plus simplement, le spectateur pourra découvrir un flamenco loin du cliché qui colle à l’image de l’Espagne depuis le franquisme : des femmes en robe rouge avec des fleurs dans les cheveux et des castagnettes. Ici, pas de folklore ; c’est la pureté de l’art de vivre flamenco qui s’exprime.
Paul Buffeteau
Carlos Saura a déjà réalisé cinq films consacrés à la musique et à la danse (Noces de sang, 1981, Carmen, 1983, L’Amour sorcier, 1986, Sevillanas, 1991, et Flamenco, 1995), lorsqu’il répond favorablement à la proposition du producteur argentin Juan Carlos Codazzi de réaliser un film sur le tango. Pour cette première incursion dans... Lire la suite
Note d'intention du réalisateur J'ai découvert le Fado dans les films tournés au Portugal avec Amália Rodrigues. Ses chansons, tout comme celles d'Imperio Argentina et les tangos de Carlos Gardel, ont marqué mon enfance de l'après-guerre. Durant ces années d'éveil, ces sons et ces images se sont gravés à jamais dans ma mémoire. Le Fado... Lire la suite
Le cinéma de Carlos Saura, période franquiste, est celui de la dissimulation. Comment mettre en images et dénoncer les affres de la dictature sans subir le joug de la censure ? Comment se construire des espaces de liberté dans un univers étriqué et univoque ? Telles sont les questions que le réalisateur s'est posées depuis son premier film... Lire la suite
Paul Douglas Grant (Films International): Avec votre dernier film, Io, don Giovanni (Moi, Don Juan), on est loin de Deprisa, deprisa ou de Cría Cuervos, sauf peut-être au niveau de l'importance de la musique. Quel fil conducteur voyez-vous dans cette trajectoire?Je ne sais pas... Je déteste faire ma propre psychanalyse. Peut-être qu'il y a... Lire la suite
Fados est votre huitième film chorégraphique et musical. D'où vous vient cet intérêt pour la danse ?Je crois que cette passion est née lorsque j'étais photographe au Festival International de Musique et de Danse de Grenade. J'étais surtout fasciné par les répétitions, l'engagement incroyable des danseurs et leur ténacité. Cette... Lire la suite
Jusqu'à la mort de Franco, vous avez cherché des formes intermédiaires pour dire ce qu'il n'était pas possible d'évoquer frontalement. Pouvez-vous nous rappeler cette période où vous cherchiez à contourner la censure ? Si vous regardez bien, la censure a toujours existé en Espagne sous une forme ou sous une autre. Même durant le Siècle... Lire la suite
A la différence, par exemple, de Tango, Flamenco Flamenco s’appuie sur une histoire de fiction, pourquoi ce choix ?
C’était un parti pris depuis le début : introduire devant la caméra autre chose que la beauté de la musique et de la danse m’aurait paru une trahison à la pureté de cet art ! Lire la suite
L'histoire
Madrid, 1959, sous la dictature franquiste. Il règne dans la ville une ambiance brumeuse et pesante. Un jeune homme attaque une guichetière du kiosque de la Once et s'empare de la recette du jour.
Lire la suiteA Cuenca, Julián, radiologue, tombe amoureux d'Elena, la femme d'un ami d'enfance tout juste retrouvé. Rejeté par celle-ci, il projette ses désirs sur Ana, une infirmière qui travaille avec lui, et entreprend de la transformer en Elena. Commence alors un étrange jeu pervers qui ne laissera personne indemne... En 1968, la projection du film... Lire la suite
Né en 1932, Carlos Saura est issu d'une famille bourgeoise libérale. Il débute ses études dans l'ingénierie, mais sa passion pour la photographie est plus forte et c'est en 1952 qu'il intègre l'Instituto de Investigaciones y Estudios Cinematográficos de Madrid. Il y étudie la mise en scène, collabore avec ses amis Eduardo Ducay et Leopold... Lire la suite
Pablo, Meca et Sebas vivent de petits coups, qui leur permettent de prendre du bon temps. Maigres profits, mais pour de maigres besoins ; et l'amitié passe avant tout. Un soir, après un braquage de voiture, ils rencontrent Angela, serveuse dans un bar. Angela découvre rapidement la vie dangereuse mais indépendante que mène le trio. Elle aime... Lire la suite
Lorsque Prosper Mérimée publie en 1825 son Théâtre de Clara Gazul, on y découvre bon nombre de clichés traditionnels romantiques sur l’Espagne, de Grenade aux orangers en passant par le motif de la mantille et les bouteilles de Jerez. Dans Carmen, texte publié en 1847, il est beaucoup plus subtil, et parvient à créer dans ce format... Lire la suite
Carlos Saura et l’amour de la danse Très prolifique, Carlos Saura est connu en France pour son « Cría cuervos » et sa célèbre bande originale, « Porque te vas ». On l’aime aussi pour son sublime « ¡Ay, Carmela!» (1990) où trois comédiens sont piégés en territoire ennemi durant la Guerre civile ; pour son pamphlet... Lire la suite