Films
L'Ange exterminateur
Un Film de
Luis Buñuel
Avec Silvia Pinal, Tito Junco, Jacqueline Andere, José Baviera, Enrique Rambal, Augusto Benedico, Luis Beristan
Drame | Mexique | 1962 | 1h35
Sortie en DVD le 20 Juin 2007
Cinéma-réalité
Alors que tout semble normal à la réception des Nobile et que les mondanités d'usage trouvent pleinement à s'exprimer, chacun des invités sera mystérieusement retenu dans le luxueux hôtel particulier de ses hôtes. Sans presque aucun prétexte narratif, Luis Buñuel remet en cause toutes les valeurs de la bourgeoisie et de la société.
Une œuvre totalement surréaliste
Des grands bourgeois de Mexico se réunissent pour une réception organisée par Edmundo et Lucia Nobile. Il se livrent, sans entrain, au jeu de massacre habituel des mondains dans un univers proche d'Oscar Wilde. Mais progressivement, les paroles et les actes des personnages semblent ne plus être motivés par un souci de cohérence. Puis, sans aucune raison apparente, les convives se voient dans l'impossibilité de quitter la fête et les lieux et sont contraints de dormir sur place. Le lendemain, tout recommence, les jours suivants aussi et la situation se dégrade progressivement.
Luis Buñuel filme l'évolution de la petite communauté au sein de laquelle les repères sociaux s'effritent les uns après les autres. Les actes des personnages ne sont bientôt plus guidés par la raison, mais uniquement par la peur presque animale de périr dans cet endroit qu'ils ne peuvent quitter. Le masque social éclate totalement et laisse échapper la réalité de la violence et de la haine qu'il dissimulait. Il est difficile de trouver une motivation aux scènes que construit Buñuel, mais il semble anticiper sur les expériences de vie communautaire de la fin des années 60 et 70 et sur les « modernes » émissions de télé-réalité (du type de Loft story ou de Koh-Lanta). Nous exposant les déchirements de cette communauté bourgeoise, il rend le spectateur complice de son voyeurisme de cinéaste.
Ce voyeurisme lui permet d'étendre sa réflexion à toute la société, à tout groupe humain, et met déjà en question le "people". Plus largement que les travers de la société bourgeoise, il critique le caractère rituel de toute société. Il nous montre que la société ne se maintient que par et pour le rite. Il démontre que le rite social, loin de contenir la violence, se maintient par la violence dont nous sommes tous les boucs émissaires potentiels. Se faisant le pourfendeur de la société, des rites et de leur violence, il donne à voir une œuvre pleinement surréaliste et engagée.
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