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16 Janvier 2009 | 25 Janvier 2009
Derniers soupirs ? Le Festival Premiers Plans, en partenariat avec la Cinémathèque française, propose une rétrospective de l'œuvre de Luis Buñuel du 16 au 25 janvier 2009 à Angers.
Affiche du Festival Premiers Plans 2009
Nous fêtions en 2000 le centenaire de sa mort avec moult événements, et voilà que Buñuel, talentueux et sulfureux réalisateur espagnol, revient sur le devant de la scène avec cette rétrospective angevine qui se prolongera en juin 2009 à la Cinémathèque française.

Trente deux, c'est le nombre de films qu'il aura réalisés tout au long d'une carrière internationale marquée par les remous de l'histoire espagnole et de celle du cinéma. C'est en France qu'il fait ses premières armes cinématographiques avec Un Chien andalou – co-réalisé en 1929 avec son ami d'alors, Salvador Dali –, très vite suivi de L'Âge d'or (1930). Ces deux films lui valent la reconnaissance du groupe surréaliste, mais aussi les foudres de la censure. L'Âge d'or, projeté au Studio 28 à Paris, provoque la colère des ligues qui attaquent le cinéma et lacèrent plusieurs toiles surréalistes exposées à l'entrée. Ces troubles à l'ordre public aboutissent à l'interdiction des projections et à la saisie des copies par la Préfecture de Paris. Cet air de scandale, ce côté sulfureux, poursuivra le réalisateur toute sa vie en raison des critiques acerbes des valeurs bourgeoises (famille, patrie, religion, puritanisme...) dont il parsème ses films.

Entre 1933 et 1946, Buñuel ne tournera pas. En 1936, il s'engage du côté du gouvernement républicain et officie à l'ambassade d'Espagne à Paris. En 1938, il est envoyé à Hollywood pour superviser les films américains sur la Guerre d'Espagne. Cette expérience hollywoodienne sera un échec qui l'amènera à émigrer au Mexique, où il tournera vingt de ses trente-deux films. Durant cette période, il réalise quelques chefs d'œuvre dont Los Olvidados (1950), El (1953) ou Ensayo de un crimen (1955). Los Olvidados, qui dénonce la misère des enfants pauvres de Mexico, déclenche l'hostilité du public mexicain, mais obtient le prix de la mise en scène au festival de Cannes, ce qui remet Buñuel sur le devant de la scène internationale.

En 1961, l'Espagne de Franco le rappelle et lui permet de tourner Viridiana, qui obtient la Palme d'Or à Cannes. Autorisé par la censure espagnole, sa sortie en salles déchaîne les passions et le film est très vite « séquestré ». La porte espagnole se refermant, Luis Buñuel réalisera ses films en France, en étroite collaboration avec le dialoguiste Jean-Claude Carrière et le producteur Serge Silberman. Il signera quelques-uns de ses films les plus connus, tels que Belle de jour (1967), Le Charme discret de la bourgeoisie (1972) ou Cet Obscur objet du désir (1977).

La rétrospective du Festival Premiers Plans permettra aux plus cinéphiles de découvrir les films les moins connus du maître, notamment ceux de sa période mexicaine, tandis que le public néophyte pourra s'initier à la liturgie buñuelienne faite de curés, de nonnes, de bourgeois aux mœurs débridées, de saints, de fantasmes inavoués, de sentiments de culpabilité, d'événements surnaturels ou surréalistes...

Thomas Tertois



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