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28e édition des Goya 2014 : regards sur les moments forts de la cérémonie

09 Février 2014
Déjouant tous les pronostics qui donnaient La gran familia española grande lauréate de cette 28e édition, Vivir con los ojos cerrados et son réalisateur David Trueba ont conquis les 1300 membres de l'Académie des Arts et des Sciences cinématographiques avec six statuettes dont celles du Meilleur Film, du Meilleur Réalisateur, du Meilleur Acteur pour Javier Cámara et de la Meilleur Actrice Révélation pour Natalia de Molina.
David Trueba sur le tournage du film Vivir con los ojos cerrados
Les lauréats des Goya 2014

Dimanche 9 février, la traditionnelle cérémonie des Goya – équivalente espagnole des César – a mêlé âme, amour, glamour... et politique. L'absence du Ministre de l'Éducation, de la Culture et du Sport, José Ignacio Wert, n'a pas manqué d'être rappelée par bon nombre de primés, Javier Bardem allant même jusqu'à fustiger le « ministre anti-culture ». Mais derrière un goût amer et un sentiment d'abandon face une crise qui touche de plein fouet le secteur, cette cérémonie suivie par 3,5 millions de téléspectateurs a célébré le meilleur du cinéma espagnol 2013. Recueil de quelques-uns de ces meilleurs moments et pensées pour ceux qui sont repartis les mains vides.

Ensorcelés

Parmi les moments forts de cette soirée, la joie et les larmes de Terele Pávez, au moment de recevoir le Goya du Meilleur Second Rôle, qui ont provoqué la première standing ovation de la cérémonie. Ainsi, la profession a salué l'immense trajectoire d'une actrice fétiche d'Alex de la Iglesia, magistrale de cruauté dans Les Sorcières de Zugaramundi. La jeunesse n'était pas en reste dimanche au regard des belles prestations des jeunes acteurs révélations Javier Pereira pour Stockholm et Natalia de Molina pour Vivir con los ojos cerrados : lui défendant un cinéma indépendant, elle parvenant à braver son émotion pour remercier le professeur d'anglais dont est inspiré le long-métrage de David Trueba et de conclure par un clin d'œil bien senti contre le projet de loi sur l'avortement : « Personne ne peut décider pour moi ».

David Trueba, le regard du cinéma espagnol

Après le projet personnel et intimiste Madrid, 1987, David Trueba revenait concourir cette année avec Vivir con los ojos cerrados. Un long-métrage inspiré d'un voyage entrepris pendant le franquisme par un professeur d'anglais en direction d'Almeria, où John Lennon tournait un clip. Une histoire insolite mais bien réelle que l'écrivain et chroniqueur d'El País a su raconter et adapter au grand écran avec l'aide d'une belle distribution coiffée par Javier Cámara, Goya du Meilleur Acteur.

Dans l'ombre des lauréats

Si pas moins d'une trentaine de statuettes ont été remises, beaucoup de talents sont bien sûr repartis en coulisses avec un petit goût amer. Parmi les grands perdants de cette soirée, nous pensons par exemple à Carlos Bardem, pourtant si juste et brut dans El Alacrán enamorado, à la somptueuse Nora Navas – déjà titulaire d'un Goya – dans Tots volem el millor per a ella, ou encore l'incontournable visage du cinéma espagnol du XXIe siècle, Antonio de la Torre, glacial et cruel dans Caníbal de Manuel Martín Cuenca. Sans oublier bien évidemment le grand déçu – car le plus attendu – de ces 28e Goya : Daniel Sánchez-Arévalo, qui aura dû se contenter de quelques lots de consolation alors que la rumeur voyait déjà sa Gran familia española remporter la mise.

Au regard de la grande qualité de tous les nominés, la cinématographie espagnole a, une nouvelle fois, montré à son public – qui le boude et l'ignore pourtant trop souvent - toute sa valeur et sa richesse malgré une conjoncture complexe. « Faire du cinéma aujourd'hui est un acte héroïque », a souligné le président de l'Académie et poids lourd de l'industrie cinématographique espagnole, Enrique González-Macho, insistant sur une « année 2013 difficile » pour le cinéma qu'il défend et qui « n'a pour autant pas perdu en qualité et en force créative ».

L'Académie des Goya, une vitrine du cinéma espagnol ouverte toute l'année

Au-delà de ce rendez-vous annuel, l'Académie du cinéma espagnol ouvre ses portes le reste de l'année en proposant au public des expositions, des projections quotidiennes gratuites et des rencontres avec les réalisateurs. Pour suivre de près l'actualité de la cinématographie espagnole, rien de tel que la revue mensuelle de l'Académie consultable en ligne.

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