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Cinespaña 2013 : crises de rire contre un cinéma en crise

Après un cru 2012 exceptionnel, le festival toulousain maintient le cap en dépit d’une nette dégradation de la situation économique du septième art espagnol, et offre une programmation toujours riche et diversifiée.
Cinespaña 2013

Du 27 septembre au 6 octobre, la dix-huitième édition du festival Cinespaña prend ses quartiers dans les salles obscures de Toulouse.

L’occasion de découvrir deux longs-métrages estampillés "hecho en España" en avant-première, dont la dernière comédie horrifique d’Alex de la Iglesia, Las Brujas de Zugarramurdi. Guidé par son amour pour l’humour noir, le réalisateur basque y narre les pérégrinations de deux braqueurs amateurs (Hugo Silva et Mario Casas) tombés de Charybde en Scylla... Au détail près qu’en lieu et place de nymphes, les héros font face à des femmes cannibales. Moins insolite mais tout aussi ironique, Una pistola en cada mano, de Cesc Gay, dissèque le quotidien de huit hommes en pleine crise d’identité masculine. Servi par un casting de choix (Ricardo Darín, Luis Tosar et Javier Cámara entre autres), le sixième long-métrage du réalisateur barcelonais a remporté le prix du meilleur second rôle féminin (Candela Peña) lors des derniers Goya.

¡Gamberros! : à gorge déployée

Avec ses dix courts et longs-métrages, le cycle ¡Gamberros! (comprenez : voyous et par extension, glandeurs ou profiteurs) est l'une des grandes nouveautés de Cinespaña 2013. Un brin provocateur, mais éminemment cathartique, ce regard sur le nouvel humour espagnol propose un panorama des réalisations cinématographiques récentes, organisées selon cinq programmes. « No somos nadie », « Teen spirit » et « La crisis del macho » font la part belle à l’adolescence et la virilité, deux phénomènes au potentiel comique indéniable, alors que « Burlas y sacrilegios » et « Bailaré sobre tu cadáver » regroupent des comédies un tantinet irrévérencieuses, voire franchement iconoclastes, sur les thèmes de la religion et la mort.

Introspection(s) cinématographique(s)

Présidée par Nathalie Baye, la compétition officielle propose comme chaque année une série de courts et longs-métrages, ainsi que des documentaires. Parmi ces sélections, Ilusión, Los ilusos, L’année dernière à Montréal, Casting ou Your Lost Memories ont ceci de commun avec le panorama courts-métrages, baptisé « Historias de cine(s) », qu’ils offrent une réflexion sur le cinéma lui-même : une constante en temps de crise, si l’on en croit le contenu de certaines réalisations restaurées par la Filmoteca de Catalunya, à laquelle le festival réserve son focus. Avec un fonds de plus de 160 000 bobines, cette institution publique abrite aussi bien les classiques du cinéma catalan que les documentaires de Laya Films, produits pendant la guerre civile, qui seront diffusés à Cinespaña. L’occasion de faire évoluer le cycle « Mémoire et politique » vers les revendications indépendantistes (Al final del túnel) et les mouvements sociaux actuels (Libre te quiero ou 15M : Málaga despierta).

Coronado, Arrieta et Franco à l’honneur

Vingt-cinq ans de carrière, plus de quarante films et séries télévisées, ainsi qu’un Goya du meilleur acteur pour son rôle dans No habrá paz para los malvados, font de José Coronado l'un des plus grands acteurs espagnols actuels. Autant de raisons d’en faire l’invité d’honneur de cette nouvelle édition de Cinespaña, aux côtés du réalisateur Adolfo Arrieta, un pionnier du cinéma indépendant qui sera présent à Toulouse pour discuter notamment des Intrigues de Sylvia Couski et de Flammes. Décédé en avril dernier, Jess Franco fera pour sa part l’objet d’un hommage dans le cadre de la section « Dernière séance » : l’occasion de (re)découvrir Eugénie de Sade ou El conde Drácula, ainsi qu’un documentaire de Kike Mesa, Jess Franco, manera de vivir, consacré à celui qui fut l'un des ambassadeurs du cinéma fantastique espagnol.

Julie Thoin-Bousquié

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