Avec Blanca Portillo, José Luis Gomez, Lluis Homar, Penélope Cruz, Rossy De Palma
Drame | Espagne | 2009 | 2h09
European Film Award 2009 de la Meilleure musique
Sortie en DVD le 02 Décembre 2009
Critique
Résumé
Les Etreintes brisées
Un homme écrit dans l'obscurité. Cet homme qui s'appelait Mateo Blanco vit aujourd'hui sous le pseudonyme de Harry Caine. Pourquoi ? Parce que sa vie quinze ans auparavant a été brisée par un accident de voiture qui l'a rendu veuf et aveugle. Après cette rupture tragique, l'homme, ne pouvant plus exercer son métier de réalisateur, est devenu simple scénariste.
Comme l'évoque le titre, volontairement mis au pluriel, plusieurs histoires se mêlent et s'entremêlent avec fluidité. Dans cet entrelac, Pedro Almodovar se livre à une réflexion sur la création et la destruction, celle des oeuvres que l'on se doit d'achever, même la peur au ventre, même " à l'aveugle", comme le dit Mateo ( Lluis Homar ), héros d'une passion interdite.
N'est-ce pas le film qui commande ? La faute principale de Mateo n'est pas tant d'avoir séduit la femme d'un autre - celle d'un riche homme d'affaires et bailleur du film - que d'avoir préféré cette femme à son art ? Le destin l'a puni de façon exemplaire en le privant à la fois de la possibilité de poursuivre son métier de metteur en scène et de la femme qu'il aime, cette Léna campée par une Penélope Cruz plus glamour que jamais.
Récit d'un amour dominé par la fatalité, le dernier opus d'Almodovar joue sur la métaphore du montage d'un film comme symbole de la réalisation d'une vie. Riche en flash-back nourrissant le suspense autour du personnage central, la caméra ne cesse de nous offrir des plans somptueux qui confirment la maîtrise et la virtuosité du cinéaste ibérique et nous ensorcelle une fois de plus par la beauté formelle de ses images.
Certains ont reproché à Almodovar de s'être montré moins innovant que dans ses films précédents. Je ne suis pas d'accord. Etreintes brisées m'est apparu comme une oeuvre de plénitude, synthèse des acquis du passé, jouant de la référence ainsi que du magnétisme bien connu de l'auteur, et qui ne manque jamais de rendre hommage à ses maîtres, dont Rossellini auquel il adresse un clin d'oeil à travers l'évocation du Voyage en Italie.
Malgré quelques imperfections et en partie grâce à elles, le film est parcouru par une émotion constante. Principalement par celle que provoque, même traitée au figuré, la conscience de l'artiste d'être un jour privé de la possibilité d'exercer sa vocation. Almodovar l'a cristallisée dans la cécité de Mateo Blanco. Mais, comme le dit l'un des héros, c'est le film qui reste au coeur du drame, drame personnel de l'amour fou qui, en fin de compte, ne parvient pas à se partager entre la femme adulée et l'art vénéré..
Dans l'obscurité, un homme écrit, vit et aime. Quatorze ans auparavant, il a eu un violent accident de voiture, dans lequel il n'a pas seulement perdu la vue mais où est morte Lena, la femme de sa vie. Cet homme a deux noms : Harry Caine, pseudonyme ludique sous lequel il signe ses travaux littéraires, ses récits et scénarios ; et Mateo Blanco, qui est son nom de baptême, sous lequel il vit et signe les films qu'il dirige. Après l'accident, Mateo Blanco devient son pseudonyme, Harry Caine. Dans la mesure où il ne peut plus diriger de films, il préfère survivre avec l'idée que Mateo Blanco est mort avec Lena, la femme qu'il aimait, dans l'accident.
Désormais, Harry Caine vit grâce aux scénarios qu'il écrit et à l'aide de son ancienne et fidèle directrice de production, Judit García, et du fils de celle-ci, Diego. Depuis qu'il a décidé de vivre et de raconter des histoires, Harry est un aveugle très actif et attractif qui a développé tous ses autres sens pour jouir de la vie, sur fond d'ironie et dans une amnésie qu'il a volontairement choisie ou, plus exactement, qu'il s'est imposée. Il a effacé de sa biographie tout ce qui est arrivé quatorze ans auparavant. Il n'en parle plus, il ne pose plus de questions ; le monde a eu vite fait d'oublier Mateo Blanco et il est lui-même le premier à ne pas désirer le ressusciter...
Une histoire d'amour fou, dominée par la fatalité, la jalousie et la trahison. Une histoire dont l'image la plus éloquente est la photo de Mateo et Lena, déchirée en mille morceaux.
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