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Le festival international du court métrage de Clermont-Ferrand se met à l’heure espagnole

L’Espagne était l’invitée d’honneur de la 44e édition du festival international du court métrage, qui s’est déroulée du 28 janvier au 5 février 2022 à Clermont-Ferrand. A cette occasion, plus de 60 films espagnols ont été présentés ! Les festivalier.e.s ont pu profiter de pas moins de 9 programmes de courts métrages espagnols, d’expositions, de concerts, de rencontres avec les réalisateur.trice.s ou encore de gastronomie espagnole.
Affiche


Affiche Bestia - Hugo Covarrubias Petite

Bestia, meilleur film d’animation 2022

LA COMPÉTITION

Sur les huit films espagnols et latinoaméricains qui étaient en compétition cette année (catégorie internationale) et un film mexicain dans la catégorie Labo, c’est le court métrage chilien Bestia de Hugo Covarrubias qui a remporté le prix du meilleur film d’animation (disponible sur Arte.tv). Pas de prix pour les autres cette année mais il faut dire que la compétition était rude.

Mon coup de cœur !

Affiche Harta Julie de Paz - Clermont-Ferrand 22 Petite

Harta de Julia de Paz Solvas.

                                                                                                                                 

Carmela, une jeune fille de 12 ans, est obligée, le jour de son anniversaire, d’aller voir son père dans un centre de rencontre familial, en raison de la plainte pour violences déposée par sa mère.

Sujet tristement d’actualité mais très bien traité car il montre à voir à quel point la manipulation est sournoise et comment certains hommes se servent de leurs enfants pour atteindre leur femme ou ex.

FOCUS ESPAGNOL

Ce focus se composait de 4 programmes, soit un total de 28 films datant des 20 dernières années. Parmi tous ces films, certains sont déjà multi-primés, certains cinéastes ont déjà une carrière bien lancée et d’autres sont des étoiles montantes que nous reverrons probablement dans les prochaines années. Un beau panel du cinéma espagnol que je vous invite à (re)découvrir sans plus tarder (beaucoup de courts sont disponibles en ligne).

Je vous partage également mon coup de cœur pour chaque programme (bien que ce fut compliqué de n’en choisir qu’un à chaque fois…)

Programme ESP1

Prog ESP1

En présence d’Isabel de Ayguavives, Alba Gónzalez de Molina, Sergio Oksman, Eduardo Chapero-Jackson et Victor Carrey (de gauche à droite sur la photo).

-       El castigo (La punition) d’Isabel de Ayguavives (2006)

-       A story for the Modlins (Une histoire pour les Modlin) de Sergio Oksman (2012)

-       Zepo de César Díaz Meléndez (2014)

-       Alumbramiento (Délivrance) d’Eduardo Chapero-Jackson (2007)

-       Caradecaballo (Tête de cheval) de Marc Martínez Jordán (2015)

-       La hora de la merienda (L’heure du thé) de Alba Gónzalez de Molina (2017)

-       La huida (La fuite) de Victor Carrey (2010)

Mon coup de cœur !

La hora de la merienda de Alba Gónzalez de Molina.

Veuve depuis peu, Chela vient d’arriver dans une ville où elle ne connaît personne, pour se rapprocher de sa fille. Mais celle-ci ne fait pas attention à elle. Pour faire face à sa solitude, elle boit en cachette. Un jour, elle rencontre sa voisine, Elena, et l’invite à prendre le thé.

Affiche La hora de la merienda - Alba Gonzalez de la Molina

 

J’ai été touchée par l’histoire de Chela qui aimerait que sa fille s’intéresse autrement à elle que par intérêt. Sa solitude lui fera rencontrer sa voisine qui, elle aussi, à sa manière, vit une vie assez solitaire et retrouve avec joie Chela pour partager un thé entre amies...

Échanges avec les réalisateurs et réalisatrices

 

La hora de la merienda - Alba Gonzalez de Molina

Il s’agit d’un court métrage fait sur commande dans le cadre d’une formation d’étudiant.e.s de différents secteurs. Basé sur un script remodelé par Alba Gonzalez de Molina pour se concentrer sur les deux personnages principaux qu’on voit à l’écran (Chela et sa voisine Elena). A propos de son travail : « Je fais à la fois des fictions et des documentaires mais j’ai davantage l’habitude de travailler sur des longs métrages. J’aime beaucoup travailler des plans plutôt longs et pour le court métrage c’est plus difficile d’être efficace là-dessus. J’ai donc beaucoup d’admiration pour les cinéastes qui se dédient principalement au format courts car je trouve que c’est un travail plus compliqué »

El castigo - Isabel de Ayguavives

A partir d’un repas de famille et d’une punition, obligeant un enfant à ne pas sortir de table avant qu’il n’ait fini son assiette, nous sommes témoins du temps qui passe et de l’évolution d’une famille. Ce court métrage se déroule dans un seul et même espace : le salon et la voix off de l'enfant puni nous accompagne tout au long de l’histoire.

A propos du film, Isabel de Ayguavives explique que pour la recherche de l’appartement et grâce à des aides obtenues, l’équipe était obligée de tourner à Medina del Campo et a dû trouver une maison là-bas. La maison parfaite a été trouvée car elle a pu être utilisée comme un plateau et il était possible d’en faire ce qu’ils voulaient. « Nous avons travaillé sur la base de photos prises de chez moi. Le moment le plus décisif c’est quand on a cassé un mur puisqu’il n’était possible de faire qu’une seule prise.»

A story for the Modlins - Sergio Oksman

A propos de A story for the Modlins, le réalisateur Sergio Oksman raconte : « Ce n’est pas moi qui ai trouvé cette valise dans le centre-ville de Madrid (contenant les archives personnelles d’une famille américaine, les Modlins) et qui ai fait les recherches sur cette famille. Mais on m’a passé ce matériel et à partir de ce qu’il y avait, je me suis mis à raconter non pas ce qu’a été mais ce qu’aurait pu être leur vie. On a filmé ce qu’on a vu et ce qu’on imagine comme un puzzle. Il est donc difficile de savoir s’il s’agit d’un documentaire ou d’une fiction.»

Alumbramiento - Eduardo Chapero-Jackson

Au sujet de ce très bon court métrage, magistralement interprété par Mariví Bilbao, Eduardo Chapero-Jackson explique que cela faisait longtemps qu’il n’avait pas vu son court métrage et qu’il est assez curieux de le revoir maintenant et de voir tout ce qui a changé depuis. « Le monteur de ce court, Iván Aledo, est décédé l’an dernier du Covid et voir un court métrage avec une personne âgée qui meurt de problèmes respiratoires prend une toute autre dimension aujourd’hui. Tout comme le fait de la voir mourir entourée de ses proches me fait bien sûr penser à toutes ces personnes âgées qui sont décédées pendant la pandémie, seules à l’hôpital, sans leur famille.»

Sur le choix des acteurs, il explique que cela s’est fait assez instinctivement et que le choix le plus important était celui du rôle de la femme âgée. Il est allé voir plusieurs grandes actrices du théâtre. Mariví Bilbao était très connue pour des rôles comiques, notamment pour celui de Marisa dans la série Aquí no hay quien viva et les gens lui disaient que le public allait rire en la voyant à l’écran. Mais au contraire, il était important pour lui de lui proposer de jouer un autre registre car les acteurs et actrices cantonné.e à des rôles humoristiques, aiment qu’on leur propose de jouer autre chose. « Quand je lui ai proposé, son agent m’a dit qu’il ne pouvait pas lui donner le scénario car sa sœur venait de mourir et que ça allait être trop compliqué pour elle. Et puis Marisa l’a lu et a tenu à le faire (le film est d’ailleurs dédié à sa sœur). Elle est décédée elle-même quelques années après (en 2013) et je pense qu’elle a répété sa mort lors de ce court métrage. Cela a été éprouvant comme tournage, il y a eu des larmes, elle se mettait beaucoup à la place de son personnage et ça a été très impressionnant à voir. »

La huida - Victor CarreyUn très bon court métrage avec des références à de nombreux films. Victor Carrey a construit son court métrage comme une expérimentation esthétique et narrative avec deux types de narrations différentes. Une deuxième partie plus classique où l’on suit le personnage pour voir ce qui lui arrive et une première partie plus expérimentale avec des changements de points de vue de plusieurs personnages. « A l’époque où j’ai réalisé ce court métrage je faisais beaucoup de clips musicaux, il y a donc peut-être aussi une certaine inspiration qui vient de là. »

Programme ESP2

Prog ESP2

En présence de Max Larruy, Tulio Ferreira et Jorge Muriel (de gauche à droite)

- La gran carrera (La grande course) de Kote Camacho (2010)

- Matria (Matrie) d’Álvaro Gago (2017)

- Ada de Tulio Ferreira et Max Larruy (2016)

- Birdboy de Pedro Rivero et Alberto Vázquez (2010)

-  Les Bones Nenes (Les bonnes filles) de Clara Roquet (2017) 

-  Lo efímero (L’Ephémère) de Jorge Muriel (2020)

       - Éramos pocos (C’est la goutte d’eau…) de Borja Cobeaga (2005)

 

Mon coup de cœur !

Lo efímero de Jorge Muriel.

 

Deux inconnus se rencontrent dans le métro. Ils transportent tous deux leur passé avec eux. Leur avenir sera déterminé par le voyage fugace, éphémère et vital qui les a réunis.

Affiche lo efimero - Jorge Muriel

Interview avec les réalisateurs de Lo efímero et de Ada

Qu’est-ce que cela vous fait de voir un programme de films espagnols à Clermont-Ferrand, en France et de voir votre film parmi ce programme ?

Max Larruy : J’ai adoré cette rétrospective. Beaucoup de genres et d’années différentes. On y voit clairement une évolution.

Tulio Ferreira : Ce fut une très grande surprise d’avoir été appelés pour notre court métrage qui date de 2016. Il s’agit du plus grand festival du court métrage au monde et c’est pour nous un honneur d’être là.

Jorge Muriel : C’est un privilège d’avoir été appelé, de faire partie de cette rétrospective là et de partager nos histoires ici. Et c’est aussi un honneur d’être en compagnie de ces autres cinéastes dont, parmi eux, certains avec qui j’ai grandi cinématographiquement parlant. C’est merveilleux de les voir tous ensemble. Et cela me fait extrêmement plaisir d’être ici.

Quelle a été l’idée de départ de votre film ?

Max Larruy : Pour Ada nous avons travaillé à partir du script d’une scénariste qui traitait de la violence de genre. A l'époque, nous avions vu des travaux plus explicites et nous avons pensé que réaliser de belles images où le spectateur devrait aussi réfléchir et voir ce qu’il y a derrière pour apporter un message plus profond serait une bonne idée.

Tulio Ferreira : Ada est un court métrage que nous avons réalisé dans le cadre de notre stage de master en cinéma. Nous avions déjà la localisation (l'hôtel) et c’est à partir de cet hôtel qu’a été écrite l’histoire. C’est une amie scénariste, Laeticia De Bortoli, qui a écrit l’histoire à partir de cette localisation.

Jorge Muriel : Pour moi, c’est basé sur une histoire vraie. Lorsque j'étais étudiant en art à New-York, il y a 20 ans, j’avais un colocataire et nous avons tous les deux vécus une histoire étrange et similaire dans le métro de New-York à peu près à la même époque. Je l’ai revu il y a environ 5 ans et il m’a dit que c’était curieux mais qu’à chaque fois qu’il terminait une relation amoureuse, il se souvenait de cette fille qu’il avait croisée dans le métro. Je me suis rendu compte que moi aussi je me souvenais régulièrement de cette rencontre que j’avais faite dans le métro. Je me suis donc mis à mélanger ces deux histoires avec d’autres et à réfléchir sur la fugacité de la vie et au passage du temps et comment certaines choses nous marquent et vont nous permettre de devenir qui nous sommes.

A partir de cette idée de scénario (Lo efímero), quel a été le processus d’écriture et la mise en production ?

Jorge Muriel : Je me suis beaucoup interrogé sur la ligne narrative à suivre mais ce qui était clair c’est que je souhaitais raconter une histoire sur la durée. Je ne voulais pas que ce soit non plus trop compliqué à suivre. L’histoire c’est le souvenir de ces deux hommes âgés et le souvenir est quelque chose de libre, et c’est ça qui m’a permis de casser la ligne du temps. Cela m’a aussi aidé à comprendre les plans que j’allais utiliser puisqu’un souvenir est fait de détails et non d’une vue d’ensemble.

Pourquoi avoir fait le choix de tourner en anglais pour le court métrage Ada ?

Max Larruy et Tulio Ferreira : Tout d’abord parce que cet hôtel nous faisait penser à un motel américain et parce que la scénariste était de langue maternelle anglaise et elle souhaitait travailler dans sa langue. Nous avions aussi cet acteur américain (Jason Bermingham) dont nous aimions beaucoup la voix qui nous a confortés dans le choix de tourner en anglais.

 

Programme ESP3

Prog ESP3

En présence de Rubin Stein, Marc Riba, David González Rudiez et Laura Ferrés (de gauche à droite)

-       El ataque de los robots de Nebulosa-5 (L’attaque des robots de Nébuleuse-5) de Chema García Ibarra (2008)

-       Los desheredados (Les déshérités) de Laura Ferrés (2017)

-       El tiempo prestado (Le temps prêté) de David González Rudiez (2008)

-       Cavalls Morts (Chevaux morts) de Marc Riba et Anna Solanas (2016)

-       Como yo te amo (Comme je t’aime) de Fernando García-Ruiz Rubio (2016)

-       Café para llevar (Café à emporter) de Patricia Font (2014)

-       Bailaora (La danseuse de Flamenco) de Rubin Stein (2018)

 

Mon coup de cœur !
Un café para llevar
de Patricia Font.

Alicia, occupée à discuter des détails de son mariage au téléphone, entre dans le premier café qu’elle voit et commande un café à emporter. Le destin a voulu qu’elle trouve Javi à l’intérieur.

Affiche Un café para llevar - Patricia Font

Goya du meilleur court métrage de fiction en 2015, ce film est magistralement interprété par Alexandra Jiménez et Daniel Grao. En 10 minutes, les deux personnages vont passer par une palette d’émotions différentes : joie, reproches, colère, regrets…

 

Interview avec les réalisateur.trice.s de Los desheredados, Tiempo prestado, Cavalls Morts et Bailaora


Comment est née l’idée de votre court métrage ?

Laura Ferrés : Mon court métrage Los desheredados est interprété par mon père et ma grand-mère. Ma famille avait une entreprise d’autocars très ancienne fondée par mon arrière grand-père mais au moment de la crise, mon père a dû la fermer. Et je me suis dit que c’était une bonne excuse pour faire le portrait de cette fermeture et de la vie. Au cours de cette crise, beaucoup de personnes ont perdu leur emploi - ma mère par exemple - et j’avais déjà vu ce que c’était de voir des personnes d’une cinquantaine d'années se retrouver sur le marché de l’emploi et les difficultés que cela engendrait. Je n’ai pas tourné de court métrage quand ma mère a perdu le sien, mais quand ce fut au tour de mon père je me suis dit qu’il fallait le faire. Cela faisait en plus un moment que je n’avais pas tourné et cet épisode de vie m’a semblé une bonne raison de revenir. Pour ma famille ça a été très important et d’une certaine façon, d’une situation négative il est ressorti du positif grâce à ce court métrage.

Est-ce que ça a été facile de diriger votre famille ?

Je n’ai pas eu l’impression de les diriger vraiment pendant le tournage. J’avais écrit un scénario très succinct, plutôt comme un guide. De plus, il s’agissait surtout de situations issues de leur quotidien, des choses que mon père avait donc l’habitude de faire. Même si forcément, se retrouver face à une caméra n’est pas évident, mais cela s’est très bien passé de façon très naturelle, tant pour mon père que pour ma grand-mère.

David González Rudiez : Il y a trois choses différentes à l’origine de mon court El tiempo prestado : d’un côté une histoire familiale lorsque ma grand-mère est décédée et que mon grand-père, alors âgé, s’est retrouvé seul dans l’appartement. Et d’un autre côté, je lisais à l’époque beaucoup de polars et j’ai eu l’idée de tourner le film à la façon d’une enquête où le spectateur doit trouver des indices pour l’amener à la compréhension de ce qui se passe. J’ai également souhaité une mise en scène et un décor très sobre.

Marc Riba : Pour Cavalls Morts, l’idée m’est venue d’une phrase que j’ai lue de Ryszard Kapuscinski reporter de guerre, par rapport à des mémoires de son enfance où il avait le souvenir d’avoir vu des chevaux morts dans un champ après la guerre. Cela m’a fait penser à la première guerre mondiale où les personnes étaient enterrées assez rapidement mais ce qui n’était pas le cas des chevaux qui restaient dans les champs. J’ai voulu montrer ce point de vue depuis un enfant qui ne sait rien de ce qui se passe, qui ne connaît pas la guerre et qui ne peut pas imaginer que tout ce qu’il voit est causé par des êtres humains. Son imagination va donc se développer pour donner du sens à quelque chose qui n’en a pas.

Et comment avez-vous construit votre court métrage ?

Nous avons travaillé avec des petites marionnettes en bois que nous avons habillées. Le décor a été entièrement construit (toile, coton…) pour avoir une esthétique qui entoure l’histoire. J’ai filmé en stop motion (technique de cinéma qui consiste à faire bouger un peu les personnages et prendre une photo. L’association des photos donne ensuite le mouvement).

Rubin Stein : Bailaora est le dernier court métrage d’une trilogie. Ce sont trois courts métrages tournés en noir et blanc pour explorer le mot “Alma” (Âme) et voir les deux facettes de l’être humain : son côté positif et son côté obscure. Le premier court métrage traite de la famille, le deuxième de la politique et donc le troisième de la guerre. Comme Marc Riba (Cavalls Morts), je suis partie de l’idée qu’il fallait aller vers l’innocence des enfants qui se retrouvent face à quelque chose qui n’a pas de sens. Et pour me tourner vers quelque chose de plus pur, il m’a semblé intéressant de relier les enfants à l’art (la danse) pour paralyser un moment précis, comme l’est la guerre. Le flamenco est quelque chose qui me passionne mais que je connais mal. Mais j’ai trouvé cela intéressant car dans le flamenco on parle d’âme et avec la danse on ne raisonne pas, c’est du ressenti. C’est là que ça a fait tilt et j’ai voulu faire un court métrage qui raconte une situation où le temps s’arrête et où on va se mettre à ressentir des choses sans faire appel à la raison.

 

Programme ESP4

 

-       Montaña en sombra (Montagne dans l’ombre) de Lois Patiño (20013)

-       Ama de Júlia De Paz Solvas (2018)

-       Anacos (Tranches) de Xacio Baño (2012)

-       Background (Arrière-plan) de Toni Bestard (2018)

-       Norte (Nord) de Javier García (2015)

-       Rodilla de Juanjo Giménez (2009)

-       El Corredor (Le coureur) de José Luis Montesinos (2014)

 

Mon coup de cœur !

Norte de Javier García (interview du réalisateur lors de son passage en 2017 au festival)

Un terroriste se retrouve dans la même pièce que l’épouse de sa victime.

Affiche Norte de Javier García

 

 

Tiré d’une histoire vraie quand les autorités basques ont lancé un programme de rencontres entre les victimes et des terroristes de l’ETA, ce court métrage est poignant et nous interroge sur la notion de pardon ou de culpabilité pour aider à avancer et à aller mieux. Et il n’y a jamais qu’une seule face de l’histoire…

 

ÉCOLE INVITÉE : L’ECAM

L’Association Sauve Qui Peut le Court Métrage a eu le plaisir de recevoir cette année l’ECAM (Escuela de Cinematografía y del audiovisual de la Comunidad de Madrid - Ecole de cinéma de Madrid), une des écoles les plus importantes en Espagne et la plus impliquée dans l’accompagnement de ses étudiant.e.s pour être en accord avec la réalité de l’industrie du cinéma.

 

Photo ECAM

Au premier rang : Elena Tara, Vicente Villavicencio Potella et Jorge Cantos
Debout : Eric Roux, président du festival et les membres de l’ECAM

© Camille Dampierre


 

Petit point historique : En 1947, en pleine dictature franquiste, se crée l’Institut d’investigation et d’expérience cinématographique inspiré par le Centro Sperimentale de Rome, créé en 1935 sous l’ère Mussolini. Des années après, l’institut prend le nom d’école officielle de cinéma avant sa fermeture en 1974. Pendant les 29 premières années, les films interdits par le régime franquiste étaient projetés dans des salles clandestines de l’institut italien. Il s’agissait là d’une époque trouble où seulement deux femmes, Cecilia Bartolomé et Josefina Molina, ont obtenu leur diplôme dans la spécialité de réalisation.

 

C’est en 1994 que Fernando de Leite et quelques membres de l’académie du cinéma reprennent l’idée de fonder une école de cinéma. Et c’est ainsi qu’est née l’ECAM. En 1995, 650 étudiants de plus de 21 ans se présentent aux épreuves, parmi lesquels Mario Camus, Víctor Erice, José Luis Borau ou encore Juan Mariné (101 ans et qui continue de se rendre à l’école !) En septembre 1997, l’école quitte le centre-ville de Madrid pour aller s’installer à la Cité de l’image de Pozuelo de Alarcón avec de meilleures installations et un budget plus important. De 1995 à 2004, l’ECAM occupe une place prépondérante dans une industrie en plein développement. Mais l’école s'essouffle et finit par tomber en disgrâce. L’ECAM met alors en œuvre une profonde transformation technique et humaine. Grâce à une structure plus flexible et plus adaptée aux besoins de l’industrie, elle récupère peu à peu la confiance d’un patronat. En 2013, les différents programmes sont complètement remaniés formant le plan d’étude actuel avec 8 cursus disponibles : cinéma documentaire, production, image, réalisation, son, décor, scénario ou montage. Les plus de 400 professeur.e.s qui passent par l’ECAM sont des professionnel.le.s en activité permettant ainsi une passerelle très importante entre la formation et la professionnalisation.

 

En 2020, l’ECAM a fait son entrée au top 15 des écoles de cinéma les plus importantes du monde. Elle se maintient depuis comme seule école en Espagne et où les grands noms du cinéma espagnol y donnent cours et chaque cérémonie des Goya est un événement pour la communauté ECAM.

 

L’ECAM n’est pas venue les mains vides à Clermont-Ferrand puisqu’elle a présenté deux séries de courts métrages : une sélection de leurs meilleurs courts.

 

La première série (ECAM1) était composée de 6 courts :

 

-       Sin palabras (Sans mots) de Bel Armenteros (2011)

-       Ella, muerta de frío. Yo, calada hasta los huesos (Elle, morte de froid. Moi, trempée jusqu’aux os) d’Elena Tara (2019)

-       Los demonios (Les démons) de Miguel Azurmendi (2013)

-       Una habitación propia (Une chambre à soi) de Sandra Romero Avecedo (2019)

-       El sol de Ipanema (Le soleil d’Ipanema) de Victor Vicente Villavicencio Potella (2018)

-       Shoot for the moon (Viser la lune) de Casandra Macías Gago (2012)


 Mon coup de cœur !

El sol de Ipanema de Victor Vicente Villavicencio Potella.

 

Tout semble aller bien pour Luis et Nieves. Mais un objet inattendu oblige Nieves à se confronter à la réalité et aux problèmes de leur mariage.

Affiche El sol de Ipanema de Victor Vicente Villavicencio Potella

Derrière ce qui peut sembler une vie de famille parfaite se cachent en réalité des problèmes auxquels un couple doit faire face. Nous avons tendance à idéaliser les relations, le quotidien des gens qui nous entourent mais ce que nous voyons n’est qu’en réalité que la partie émergée de l’iceberg, celle que l’on nous donne à voir. Et en grattant un peu le vernis, on découvre une réalité qui n’est pas celle que l’on croit.

                                              Ecam - Victor Vicente Villavicencio Potella et Elena Tara

Victor Vicente Villavicencio Potella et Elena Tara

La deuxième série (ECAM2) était composée de 5 courts :

-       Mujer sin hijo (Femme sans enfant) de Eva Saiz (2019)

-       Günst Ul Vándrafoo (Rafales de vie sauvage) de Jorge Cantos (2019)

-       Cerdita (La truie) de Carolos Pereda (2018)

-       Gastos incluidos (Charges comprises) de Javier Macipe (2019)

-       Madre (Mère) de Rodrigo Sorogoyen (2017)

 

Mon coup de cœur !
Madre de Rodrigo Sorogoyen.

 

Affiche court Madre - Rodrigo Sorogoyen

On ne présente plus Madre, devenu depuis un long métrage, sorti en 2020 (Critique à retrouver ici). Même en l’ayant vu plusieurs fois et en connaissant “la suite”, cet appel téléphonique entre une mère et son enfant, seul sur la plage a des centaines de kilomètres, est très prenant et nous tient toujours autant en haleine. Marta Nieto est remarquable dans son interprétation.

Mention spéciale au court métrage Cerdita qui m’a vraiment interpellé. Sans dévoiler l’intrigue - je vous conseille vivement de le regarder - nous passons par plusieurs émotions pour finir par vraiment nous interroger sur nos ressentis une fois le court terminé.

EXPOSITIONS

Dans le cadre de son focus sur l’Espagne, la 44e édition du festival du court métrage a accueilli trois expositions de deux artistes espagnols : Alberto García-Alix et Óscar Fernández Orengo.

Un expressionnisme féroce - Alberto García-Alix

Exposée à l’Hôtel Fontfreyde de Clermont-Ferrand jusqu’au 30 avril 2022, cette exposition présente une série de photographies prises au cours des dernières années par ce photographe espagnol considéré comme l’un des principaux acteurs du mouvement culturel de la Movida. Des tirages en noir et blanc sans sophistication ni trucages.

Alberto García-Alix était également présent cette année à Clermont-Ferrand en tant que membre du jury Labo.

Expo Garcia Alix

« Si hier je regardais le monde qui m’entourait avec naturalisme et objectivité, aujourd'hui, c’est le regard subjectif et, plus encore, le regard intuitif qui prévalent. Je photographie pour louer une idée, une fable ou une complainte » Alberto García-Alix

Alberto García-Alix était également présent cette année à Clermont-Ferrand en tant que membre du jury Labo.

 

                                       Expo Garcia Alix - 1

 

La Mirada Horizontal - Óscar Fernández Orengo

« Cela fait 20 ans que je prends en photo des cinéastes dans le monde entier et j’ai constaté une vraie évolution depuis mes débuts où il n’y avait quasiment pas de femmes. Même si la parité est encore loin d’être atteinte, il y en a désormais de plus en plus. Les choses changent et c’est une très bonne chose de les documenter. » Óscar Fernández Orengo 

Cette exposition est une série de portraits de femmes du cinéma espagnol contemporain visible jusqu’au 10 mars 2022 à L’Imaginarium du photographe à Clermont-Ferrand. Il ne s’agit pas d’un projet personnel du photographe mais d’une commande faite par l’association Mujeres y cine (Femmes et ciné).

Les visages des actrices apparaissent dans les magazines, sur les écrans et les affiches publicitaires, mais hormis les professionnel.le.s du secteur, qui sait à quoi ressemble une cinéaste, une preneuse de son, une monteuse ou une directrice de la photographie ? Óscar Fernández Orengo, photographe spécialisé dans les portraits de cinéastes lors de ses voyages à travers le monde, nous dévoile ces visages, en nous les présentant sans artifice et avec son sens habituel de la lumière et de la composition

 Mirada horizontal -1

Lors du vernissage de La Mirada Horizontal à Clermont-Ferrand, le photographe explique que lorsqu’il a reçu la liste des cinéastes qu’il devait prendre en photo, il les connaissait presque toutes et beaucoup d’entre elles habitaient à Barcelone où il réside lui-même. Il ajoute également qu’il était très important pour lui que ce soient elles qui choisissent l’endroit où il allait les prendre en photo car cela définit ou révèle quelque chose de la personne.

  Mirada horizontal - 2

La réalisatrice Laura Ferrés devant son portrait (en haut). Elle était présente à Clermont-Ferrand pour présenter son court métrage Los desheredados (voir séance ESP3).

 

Mirada horizontal - 3

L’association Mujeres y cine était représentée au vernissage par Marta Álvarez : « Ceci n’est que le début du travail d’Óscar. Nous avons encore un projet à venir. L’origine de l’exposition est le livre Millones de cosas por hacer que nous avons écrit avec Annette Scholz, Elena Oroz et Mar Binimelis-Adell, ainsi qu’avec la participation d’Óscar qui a fait les portraits du livre. Il s’agit d’un livre d’entretiens où la parole est donnée à ces femmes du cinéma. Nous voulons continuer ce travail car en tant qu’enseignantes, nous constatons que les étudiant.e.s manquent de référents féminins et c’est un problème auquel nous avons toutes et tous étaient confronté.e.s. Nous voulons continuer et documenter les cinéastes femmes qu’il y a en Espagne et en Amérique Latine. »

Mirada horizontal - 4

Le photographe en a profité également pour recommander l’excellent livre d’Alain Bergala, L'Hypothèse cinéma, qui, selon lui, est une lecture essentielle à mettre entre toutes les mains. Amoureux et amoureuses du cinéma, le message est passé !

 

Cineastas contados - Óscar Fernández Orengo

Cette exposition réunit une quarantaine de portraits de cinéastes espagnols et latinoaméricains, de différentes générations. Ces magnifiques portraits en noir et blanc au format panoramique sont visibles jusqu’au 10 mars 2022 au centre de documentation de La Jetée de Clermont-Ferrand.

« Cette expo est importante pour moi car il s’agit d’un petit échantillon des nombreuses archives photo que j’ai de cinéastes espagnols et latinoaméricains. J’ignorais que La Jetée, où sont exposées les photos, était une bibliothèque et je trouve ça très beau, voire même romantique, que les photographies cohabitent avec les livres. Mon intention est de créer une grande mémoire sur le cinéma espagnol et latinoaméricain et que les gens découvrent de grands auteurs. » Óscar Fernández Orengo

 

Cineastas contados - Óscar Fernández Orengo - 1

Borja Cobeaga, membre du jury international cette année à Clermont-Ferrand

Cineastas contados - Óscar Fernández Orengo - 2

Pedro Almodóvar et Mateo Gil

Cineastas contados - Óscar Fernández Orengo - 3
Álex de la Iglesia et Iciar Bollaín

Cineastas contados - Óscar Fernández Orengo - 4

Fernando León de Aranoa


Le Focus Espagne c’était aussi…

 

Un programme (C2) consacré aux films classiques des maîtres du cinéma des années 50-60 de la Escuela Oficial de Ciné, restaurés par la Filmothèque Espagnole. La plupart de ces courts étaient des inédits. El borracho (L’ivrogne), le premier film de Mario Camus (1962), qui réalisera ensuite une quarantaine d'œuvres emblématiques. La tarde del domingo (Après-midi de dimanche), un des trois courts métrages étudiants du jeune Carlos Saura (1957), un des réalisateurs les plus auréolés du cinéma espagnol. Plan Jack Cero Tres (1967), un film de Cécilia Bartolomé, considérée comme l’une des réalisatrices les plus transgressives de son époque. Et Can(Chien), une œuvre rare (1969) de Mario Gómez Martín, réalisateur redécouvert en 2020 lors de la restauration des archives de la Filmoteca et qui fut l’un des talents les plus prometteurs de sa génération, avant de totalement disparaître du monde du cinéma après ce dernier film.

 

Un programme unique ciné-piscine

 

-       Muedra de César Díaz Meléndez (2019)

-       Les Banyistes (Les baigneuses) de Rose Kowalski (2004)

-      Bendito Machine V - Pull the Trigger (Bendito Machine V - Tirer sur la gâchette) de Jossie Malis Alvarez (2014)

-       El Corredor (Le Coureur) de José Luis Montesinos (2014)

-       Rumbo a Eleusis (Direction Eleusis) de Borja Santomé Rodríguez (2021)

-       Los gritones (Les Hurleurs) de Roberto Pérez Toledo (2010)

-       L’Equip Petit (Petite équipe) de Cangrejo Real (2011)

-       The Last Matador (Le dernier Matador) de Katariina Lillqvist

-       Made in Spain de Coke Riobóo (2016)

-       Los Patos (Les Canards) de Ángela Arregui Chavarría (2021)

-       Pipas de Manuela Moreno (2013)

 

Mon coup de cœur !

 

El corredor de José Luis Montesinos (prix Gaudí du Meilleur Court-Métrage en 2015), présent aussi dans le programme ESP2.

 

Un patron qui a fermé boutique voilà cinq ans, licenciant 300 employé.e.s au passage, va faire un jogging pour la première fois depuis longtemps. Il tombe alors sur un de ses anciens employés pour qui tout semble aller pour le mieux…

Affiche El corredor de José Luis Montesinos


 

Un programme unique « Terreur »

-       Abuelitos (Grands-parents) de Paco Plaza (1999)

-       Fase terminal (Phase terminale) de Marta Génova (2011)

-       El tren de la bruja (Le train fantôme) de Koldo Serra (2003)

-       Cólera (Choléra) de Aritz Moreno (2013)

-       9 pasos (9 pas) de Marisa Crespo et Moisés Romero (2018)

-       Días sin luz (Des jours sans lumière) de Jaume Balagueró (1995)

-       La inquilina (La locataire) de Lucas Paulino et Ángel Torres (2021)

-       Carnívoro (Carnivore) de Lander Castro (2021)

 

Mon coup de cœur !

9 pasos de Marisa Crespo et Moisés Romero.

 

Le petit Saul a peur d’aller aux toilettes tout seul la nuit car il doit traverser un couloir sombre. Son père tente de lui faire passer cette peur. Seulement neuf pas et il aura réussi à la surmonter…

Affiche Corto 9 pasos de Marisa Crespo et Moisés Romero


Ce court métrage de 8 minutes a également été, à l’applaudimètre, le gros coup de cœur de la salle. Les cinéastes ont même profité de leur présence lors de cette séance pour nous annoncer que leur court métrage était en projet de devenir un long métrage pour 2023. Un appel a donc été lancé aux producteur.trice.s françaises intéressé.e.s et nous serons au rendez-vous pour la sortie de ce film !

Une masterclass (en français) du scénariste et réalisateur Jaume Balagueró, que vous pouvez retrouver ici). Il est principalement connu du grand public pour son long métrage REC.

Jaume Balaguero

https://clermont-filmfest.org/festival-du-court-metrage/autour-du-festival-2022/#jaumebalaguero

●Deux concerts à la Coopérative de Mai :

-       Mafalda (Espagne - Madrid) - Electro-Pop

-       Romero Martín (Espagne - Séville) - Flamenco 2.0

●Une mise en lumière de la gastronomie espagnole :

-       Avec Lara Roguez, cheffe asturienne du restaurant Kraken de Gijón qui était en résidence et a préparé des menus culinaires du restaurant Les Grandes Tables pendant toute la durée du festival.

-       Avec un ciné-food : 3 films de la rétrospective Espagne déclinés en plats à La Goguette. En présence de la cinéaste Isabel de Ayguavives pour son court métrage El castigo (voir ESP1).

Réalisateurs présents

Les réalisateurs et réalisatrices espagnol.e.s présents à Clermont-Ferrand pour cette 44e édition. © Rémi Boissau

 




Agathe Ripoche