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Oscuro y lucientes

Oscuro y lucientes : le documentaire policier

L'univers goyesque a donné lieu à de nombreuses œuvres cinématographiques depuis The Naked Maja d'Henri Koster en 1958. Pourtant, jamais l'incroyable histoire de sa dépouille n'avait donné matière à un tel voyage initiatique et ludique.

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Docteur en histoire du cinéma de l'Université Autonome de Madrid, le réalisateur d'Oscuro y lucientes, Samuel Alarcón, est cinéaste et dirige l'émission radiophonique El cine que vienesur Radio 5, un programme spécialisé dans le cinéma indépendant espagnol. Après avoir accompli une véritable tournée des salles de cinémas espagnols, le film a participé à plusieurs festivals : déjà en 2016 il remportait le prix du meilleur scénario au Foro Lau Haizetara du Festival de San Sebastian. Plus récemment, il est passé par le FipaDoc, Cinespaña ou encore Alcances, où il a remporté le prix Festhome de Distribution. En un peu plus d'une heure et vingt minutes, le long-métrage retrace l'histoire de la mort de Goyaen exil à Bordeaux et le retour tardif de sa dépouille en Espagne, en plusieurs morceaux...

Le passé sous nos pieds

Le film s'ouvre sur une série de photographies datant du milieu du XIXème siècle montrant des fouilles archéologiques menées sur la colline de San Isidro à Madrid. La séquence suivante montre l'état actuel des lieux au moment où s'ouvrent les fêtes de la Romería de San Isidro. On y voit un buste de Goya érigé à cet endroit-même. Alors, l'hypothèse suivante est émise par le narrateur : « si ta tête s'érige sur un ancien site archéologique, c'est peut-être parce que sous terre il manque une partie de ton propre passé... ».

La narration est menée par l'incomparable voix, « en off », de Féodor Atkine qui s'adresse directement au peintre, tout en le tutoyant. L'originalité de ce procédé permet d'instaurer un dialogue intimiste entre les spectateurs/investigateurs et le peintre lui-même qui répond à travers le message de certaines de ses peintures. Ce procédé permet également de recourir à l'humour, permettant notamment de conter des passages où le peintre semble nous jouer des tours depuis l'au-delà.

Les réponses sont des questions

Le récit rocambolesque sur la trajectoire du squelette de Goya après sa mort est présenté à travers des scènes filmées aujourd'hui dans les rues de Bordeaux et de Madrid, évoquant de manière subtile et originale les épisodes de la vie du peintre espagnol. Les dites scènes filmées dans la modernité des villes actuelles viennent parfois en dire plus que le récit lui-même. En effet, le réalisateur laisse place à l'imagination et au rêve : la figure de Goya apparait comme mystique sur des plans larges où l'on ressent sa présence.

Le film règle certains comptes avec ce qui peut être considérer comme une période d'oubli d'un peintre par son pays dans un contexte historique particulier où, notamment, la naissance de la photographie met la peinture de côté. Le traitement de nombreux documents d'archive (journaux, photographies, peintures, lettres...) permettent de tirer certains files du nœud goyesque. Le travail presque académique du réalisateur ne tire aucune conclusion, il questionne ouvertement toutes les archives dont il dispose pour apporter au spectateur les clés du dossier. Les réponses deviennent alors des questions.

Film vu à l'occasion de la 51e édition d'Alcances le mardi 1er octobre à Cadix. 

Paul Buffeteau

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