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Ciudad de los muertos

Ciudad de los muertos: la ville des vivants

Le sixième film de Miguel Eek réalise actuellement un beau parcours dans les festivals et surprend les spectateurs. Le film tord le cou aux idées reçues sur les « métiers de la mort », cela à base d'humour noir et d'une bonne dose d'humanité.

affiche
Le film est un moyen-métrage documentaire de Miguel Eek, un réalisateur madrilène diplômé de l'ESCAC. Ciudad de los muertos a connu un parcours notable dans plusieurs festival à travers l'Europe : mention spéciale du jury au festival Make Dox, selection officielle du Festival Alcances, participation au Festival Seminci dans la section « Spanish Cinema » et programmation au festival Cinespaña dans le volet « Miradas » entre autres. Et cela n'est sûrement que le début car le film ne laissera pas indifférent tous les spectateurs qui le verront.

La ville des vivants

Le documentaire se déroule dans un cimetière de la ville de Palma. On y suit successivement différents employés dans leur travail, leurs relations et leurs questionnements. Littéralement, le titre du film pourrait être traduit par "La ville des morts" en français. Mais, paradoxalement, on découvre une ville pleine de vie, dans ce film qui aborde la question de la mort à travers les personnes qui en vivent. Jardiniers, agents d'entretien, agents de sécurité, conseillers funéraires, thanatopracteurs, agents de chambre funéraire ou fossoyeurs, on se familiarise avec la panoplie de professions qui se cache derrière le deuil. Des personnalités attachantes qui nous font rire et réfléchir tant ils semblent détachés de l'apparente morbidité du contexte dans lequel ils évoluent : à des années lumières du cliché du croque-mort.

Désacraliser la dépouille

La caméra suit ces personnes d'âge et de milieu socio-professionnel différents et les filme dans leur quotidien. La présence de la caméra joue son rôle et permet de capter des moments de grande complicité entre collègues mais également des moments plus douloureux suite à la perte d'un proche. A l'inverse d'autres scènes apparaissent plus crues et peuvent surprendre tant elles sont exécutées de manière banale et désacralisée. Le documentaire a pu être réalisé grâce à l'enthousiasme des équipes travaillant dans ce cimetière majorquin de faire découvrir leur profession ainsi qu'aux clients qui, pour les besoins du film, ont accepté de revivre les situations auxquelles ils avaient été confrontées quelques mois auparavant. Ces éléments, condensés dans le film, permettent de redonner sa part de naturelle à la mort.

Le « coût » de la mort

Rarement l'on associe la perte d'un proche aux conséquences économiques qu'elle implique, jusqu'au jour où cela arrive. Le film aborde de manière très réaliste la place de l'argent dans l'organisation d'obsèques : il existe différentes formules et toutes sortes de prestations pour accompagner les cérémonies funéraires. Les proches, souvent déconcertés par la charge émotionnelle du moment qu'ils vivent, peinent souvent à se décider. On assiste alors à des échanges parfois teintés d'humour, noir évidemment, entre une mère et son fils : « Cuesta mucho mForirse! » s'exclame la mère, et à son fils de lui répondre : « Más cuesta vivir ».

Film vu à l'occasion du festival de cinéma documentaire de Cadix le mercredi 2 octobre 2019.

Paul Buffeteau

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