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Regards sur le cinéma espagnol et latino-américain, le petit festival qui monte, qui monte

Rendez-vous attendu et désormais incontournable à Valence, les Regards sur le cinéma espagnol et latino-américain investiront les salles du cinéma Le Navire du 2 au 12 mars pour leur 17ème édition.

Le mardi 23 février 2016. 

Regards sur le cinéma espagnol et latino-américain, le petit...

Qu’elle est loin la première édition des Regards, qui en mars 2000 avait réuni quelques 200 spectateurs sur trois jours autour de cinq films. Cette année ce ne sont pas moins de 45 longs-métrages qui seront proposés – un record ! – pour le plus grand plaisir d’un public valentinois toujours plus nombreux : l'édition 2015 avait ainsi rassemblé plus de 5 300 spectateurs. Passé de huit à onze jours en 2014, membre de Festivals Connexion, réseau des festivals de cinéma en Rhône-Alpes, le festival signera cette année une convention avec le GRIMH (Groupe de Réflexion sur l’Image dans le Monde Hispanique), qui réunit certains des plus grands spécialistes du domaine de l’image. Autant dire que depuis son lancement, le festival a fait du chemin.

Le secret de ce succès ? D’abord l’énergie de Chisp@, qui organise le festival en collaboration avec Le Navire : une association 100% féminine et enseignante portée par quatre bénévoles. Programmation, recherche d’invités et de partenaires, communication, "las cuatro chispas" ne ménagent pas leurs efforts pour proposer, malgré peu de moyens, un festival qui n’a rien à envier à des manifestations plus médiatisées.

Une programmation éclectique…

Si les spectateurs répondent toujours présents, c’est aussi qu’il y en a pour tous les goûts : comédies populaires, films d’auteur, documentaires, animation, films musicaux, chacun y trouve son compte. Se côtoieront ainsi cette année des films tels que l’inédit Ocho apellidos vascos, le plus gros succès du cinéma espagnol au box-office à ce jour, les très personnels Ärtico de Gabriel Velázquez et Carmina y amén de Paco León, le documentaire Paco de Lucía, légende du flamenco, de Curro Sánchez Varela, le thriller El Niño de Daniel Monzón, ou encore le grand vainqueur des Goya 2016, Truman, de Cesc Gay.

Les classiques seront aussi au rendez-vous avec un hommage à Carlos Saura à travers cinq films : l’occasion de découvrir son tout dernier, Argentina, et de revoir ses œuvres majeures des années 70 (Anna et les loupsLa cousine AngéliqueElisa, mon amourMaman a cent ans), notamment lors de la soirée spéciale Saura du 9 mars, animée par Jean-Claude Seguin, spécialiste français du cinéma espagnol.

Même diversité du côté de la programmation latino-américaine : outre les valeurs sûres telles que l’Argentin Pablo Trapero (El Clan), le Mexicain Rodrigo Plá (Un monstre à mille têtes) ou les Chiliens Pablo Larraín (El Club) et Patricio Guzmán (Le bouton de nacre), les Regards réservent toujours une place à des premiers longs-métrages ambitieux. C’est le cas cette année de La terre et l’ombre du Colombien César Acevedo (Caméra d’Or au Festival de Cannes 2015), qui signe un film austère et majestueux sur l’enracinement à la terre et la vie sacrifiée au labeur, ou de Ixcanul, de Jayro Bustamante (primé au Festival de Berlin 2015), qui bouscule le Guatemala en dénonçant l’oppression des femmes mayas.

… engagée…

Depuis leurs débuts, les Regards se veulent aussi un lieu de rencontres et d’échanges autour de problématiques actuelles souvent brûlantes. Cette 17ème édition n’échappera pas à la règle, à travers deux soirées consacrées à des questions environnementales.

Le 3 mars, le festival fera un zoom sur l’Amazonie, trop souvent représentée au cinéma à travers les yeux des explorateurs, mais rarement du point de vue des Amérindiens. Les Regards ont donc choisi de programmer deux films qui évoquent les résistances indigènes au (néo)colonialisme. Voix d’Amazonie, documentaire indépendant réalisé par Lucile Alemany, Lamia Chraibi et Margerie David, une anthropologue, une directrice artistique et une sociologue, s’intéresse ainsi à la lutte des indiens d’Équateur contre l’exploitation pétrolière et aux alternatives qu’ils développent pour préserver leurs modes de vie. L’étreinte du serpent, du Colombien Ciro Guerra, raconte une Amazonie disparue, un paradis originel détruit : des images à couper le souffle et un superbe plaidoyer pour l’écologie, nommé à l’Oscar 2016 du meilleur film étranger.

Le 5 mars, c’est le Paraguay qui sera à l’honneur : pays latino-américain méconnu, 4ème exportateur mondial de soja transgénique, les grands propriétaires terriens et les industriels de l’agrobusiness y détiennent un énorme pouvoir de pression sur le pouvoir politique. C’est au cœur de ces enjeux que nous plongeront deux documentaires projetés en présence de leurs réalisateurs : Poder e impotencia, d’Anna Recalde Miranda, témoignage privilégié sur la présidence de Fernando Lugo, et Tesape’arã, de Susana Arbizu et Henri Belin, sur les conséquences de l’expansion des cultures OGM.

Enfin, le 6 mars, le réalisateur, journaliste et universitaire militant Jean Ortiz viendra présenter son dernier documentaire, Compañeras, sur la lutte des républicaines espagnoles contre le franquisme. Le film sera suivi d’un débat qui promet d’être haut en couleurs sur l’Espagne de la Seconde République (1931) à Podemos.

… et internationale !

Une nouveauté cette année dans la sélection, l’ouverture d’une section « VO… ils tournent en anglais », réservée aux réalisateurs hispaniques qui filment désormais en anglais. L’occasion de découvrir en avant-première Un jour comme un autre de Fernando León de Aranoa et Desierto de Jonas Cuarón – fils d’Alfonso Cuarón, avec qui il avait co-écrit Gravity –, ainsi que Regression, le dernier film d’Alejandro Amenábar, habitué de longue date aux castings internationaux, et Chronic, premier long-métrage sous bannière américaine du Mexicain Michel Franco, remarqué en 2012 avec Después de Lucía.

Et comme toujours, des avant-premières – douze cette année, dont Chala, une enfance cubaine, 1er prix au 36ème Festival de La Havane –, un ciné-goûter pour les enfants, des concerts, l'élection du Coup de cœur du public, la traditionnelle soirée de clôture ciné-tapas, toujours plébiscitée par les spectateurs, sans oublier l’exposition au Carré du Navire, consacrée cette année à l’artiste valentinoise Anne Poupard, qui réalise les affiches du festival depuis 2002.

Regards sur le Cinéma espagnol et latino-américain, du 2 au 12 mars 2016

Cinéma Le Navire, 9 bd d'Alsace, 26000 Valence, 04 75 40 79 20

Programme sur http://www.regards-valence.com/ et sur http://www.lenavire.fr

Facebook:https://www.facebook.com/Regards-sur-le-cin%C3%A9ma-espagnol-et-latino-am%C3%A9ricain-1700562546822219/timeline?ref=page_internal

Christelle Guignot


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