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25ème Festival du cinéma espagnol de Nantes

20 Mars 2015 | 31 Mars 2015
Manifestation incontournable pour les amateurs de cinéma hispanique, le Festival du cinéma espagnol de Nantes souffle cette année vingt-cinq bougies, autant d’éditions riches en découverte de talents, invités prestigieux et rétrospectives variées. Cette année encore, les organisateurs nous offrent un panorama éclectique.
Festival du Cinéma Espagnol de Nantes - 2015

Une compétition officielle prometteuse

Fort d'une affluence toujours plus impressionnante allant de pair avec une programmation de plus en plus étoffée, le Festival créé en 1990 est, à l’heure actuelle, un événement de premier plan pour la diffusion et la réflexion sur le cinéma espagnol.

La compétition officielle, composée de six long-métrages, met justement à l’honneur une certaine ambition réflexive qu’a le cinéma ibérique, qui ne cesse de questionner une société en pleine mutation. Negociador, de Borja Cobeaga, traite des pourparlers entre l’organisation terroriste ETA et le gouvernement espagnol sur le mode comique, mêlant malentendus et situations absurdes. Un sujet sérieux vu sous le prisme de l’humour, cela est en soi très caractéristique du cinéma espagnol, d’autant que l’on retrouve dans ce film Carlos Areces, vu dans deux films délirants d’Alex de la Iglesia (Balada Triste et Les Sorcières de Zugarramurdi). Carmina y amén, deuxième opus de Paco León après Carmina o revienta, propose aussi un savant mélange de drame et de comédie, dans lequel Carmina tente de cacher le corps de son défunt mari afin de toucher ses derniers salaires !

Magical Girl de Carlos Vermut et Loreak de Jon Garaño et José Mari Goenaga apportent une touche dramatique à cette compétition, tandis que Los tontos y los estúpidos de Roberto Castón propose une autoréflexion sur le médium cinématographique, à partir du travail des comédiens pour se mettre dans la peau de leur personnage. Enfin, le thriller sera bien représenté avec La isla mínima, reparti des Goya 2015 avec pas moins de 10 récompenses, dont celui du Meilleur film et du Meilleur réalisateur. Cette enquête policière autour d’un serial killer, présentée comme un thriller sombre dans la lignée de la série américaine True Detective, sera présentée le vendredi 20 mars lors de la soirée d’ouverture en présence des deux acteurs principaux, Raúl Arévalo et Javier Gutiérrez.

Opera Prima et documentaires, reflets d’un engagement social et politique actuel

Aux côtés de cette compétition officielle, on retrouve la compétition Opera Prima (Premier Film), avec notamment 10 000 km de Carlos Marques-Marces, récompensé du Meilleur premier film aux Goyas et dans les salles françaises à partir du 29 avril, ou encore A escondidas de Mikel Rueda, dont l’histoire autour d’un adolescent marocain sur le point d’être expulsé d’Espagne reflète la volonté du jeune cinéma espagnol de traiter des sujets sociétaux comme l’immigration.

Cette envie est également évidente au regard des documentaires proposés cette année : la corruption policière dans Ciutat morta de Xavier Artigas et Xapo Ortega ; la crise économique et l’exil qu’elle provoque dans En tierra extraña de Icíar Bollaín ou encore la fermeture des mines de charbon avec ReMine, el último movimiento obrero de Marcos M. Merino. A l’heure où le peuple espagnol exprime son envie de changement par la consolidation de partis politiques alternatifs récemment créés, il est plus qu’évident que le cinéma – de fiction ou documentaire – se place en tant que témoin et reflet de l’histoire du temps présent.

Le cinéma espagnol, hier et aujourd’hui

Le Festival est aussi l’occasion d’apprécier la diversité du cinéma espagnol depuis ses débuts, mais aussi les films importants les plus récents. Le cycle « La ville : pouvoirs, marges et exils » invite le spectateur à observer les mutations de la société espagnole au travers d’œuvres marquantes, et à y réfléchir lors d’une journée thématique. Quant au cycle « La France dans le cinéma espagnol », il sera l’occasion de voir ou revoir Agustina de Aragón de Juan de Orduña ou Cet obscur objet du désir de Luis Buñuel.

Une diversité et une évolution du cinéma espagnol que le public pourra encore plus apprécier avec la venue de Carlos Saura, dont la riche filmographie demeure fondamentale pour aborder le cinéma du pays. Sa troisième visite au Festival permettra d’apprécier notamment une copie restaurée de La Chasse (1966). L’autre invité d’honneur sera le réalisateur mélomane Fernando Trueba, qui sera présent lors du concert Jazz-flamenco de Chano Domínguez et Niño Josele. Les amateurs d’épouvante ne sont pas oubliés avec une nuit spéciale zombie réunissant les quatre films de la saga [REC].

Une édition qui s’annonce riche en moments forts, autant par ses films que par ses rencontres, débats et expositions.

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