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62e Festival de San Sebastián : le cinéma espagnol reprend des couleurs

19 Septembre 2014 | 27 Septembre 2014
Magical girl de Carlos Vermut surprend avec deux des principaux Prix, la Concha d'Or du meilleur film et la Concha d'argent du meilleur réalisateur. Des 17 productions espagnoles, La isla mínima d'Alberto Rodríguez s'assure un bon démarrage en salles avec un haletant thriller à l'andalouse, consacrant Javier Gutiérrez meilleur acteur de cette édition. Entre deux pintxos, Cinespagne.com retient également deux longs-métrages à l'image de la diversité du cinéma espagnol : Loreak et En tierra extraña.
62e Festival de San Sebastián : le cinéma espagnol reprend des couleurs
On le dit en crise, en manque de subventions, en attente d'une loi de mécénat promise et qui semblerait ne pas vouloir venir, condamné au crowdfunding. Recettes, production, spectateurs, tous ces indicateurs sont en berne. Pourtant, le talent demeure et de nouvelles propositions audacieuses continuent de fleurir. Preuve en est avec cette 62e édition du plus important festival de cinéma d'Espagne et l'un des plus réputés d'Europe aux côtés de Cannes, Berlin et Venise. Cette année encore, la cinématographie espagnole était au premier rang : 17 longs-métrages, dont 7 en section officielle. Sans compter le classique 'Made in Spain', miroir du meilleur de la cinématographie nationale destiné avant tout à un public étranger.

Reparti avec - seulement - deux récompenses (meilleur acteur pour Javier Gutiérrez et meilleure photographie pour Alex Catalán), La isla mínima d'Alberto Rodríguez restera sans aucun doute la sensation de cette édition. C'est sur le terrain du thriller en pleine Transition démocratique, là où le cinéma espagnol excelle peu, que le réalisateur de 7 vierges et Grupo 7 confirme son talent... et cela grâce à "un cinéma avec identité" et des personnages "humains" comme l'explique l'acteur Raúl Arévalo. Javier Gutiérrez que l'on associe trop souvent à des rôles comiques incarne avec justesse un commissaire de police au passé aussi trouble que les lits des rivières mystérieuses dans lesquels se planque l'auteur des crimes. Javier Gutiérrez mobilise un instinct animal et violent. Sorti en Espagne le 26 septembre, La isla mínima devrait donc connaître un succès maximum en attendant le retour du poids lourd Torrente 5, porté par un Santiago Segura sûr de remplir les salles de 'palomitas'.

Autre belle surprise de ce Festival, le second long-métrage de José Mari Goenaga et Jon Garaño, Loreak, dont la sortie en Espagne est prévue le 30 octobre prochain. "Inspiré par l'image d'un bouquet de fleur déposé au bord de la route" (J-M Goenaga), tourné intégralement en euskara, comme une "évidence" (Jon Garaño), pour coller au plus près des sentiments, il confirme le talent des locaux de l'étape, déjà auteurs du remarquable 80 jours. Reparti avec comme lot de consolation une mention spéciale au Prix Signis, Loreak aborde avec délicatesse et authenticité le rapport au deuil et à la mémoire. Ou comment des bouquets de fleurs peuvent à eux seuls bouleverser la vie fade et grise d'une quadra magistralement interprétée par Nagore Aranburu. La bande originale est signée par le Français Pascal Gaigne, compositeur idéal pour accompagner avec douceur la charge dramatique.

Pascal Gaigne est également au générique du premier documentaire d'Icíar Bollaín (Même la pluie, Ne dis rien), En tierra extraña. La réalisatrice nous emmène à Edimbourg pour évoquer une autre indépendance, celle que recherchent la plupart des quelques 20 000 Espagnols partis s'y s'installer à la recherche d'une vie meilleure. Ce documentaire, un des très peu consacrés à cette émigration économique contrainte, met des visages sur ces destins de jeunes, et moins jeunes, souvent diplômés, partis 'survivre' en espérant revenir un jour au pays. N'allant malheureusement pas au plus profond du problème, En tierra extraña livre néanmoins d'émouvants témoignages, qui donnent vie à un mal moderne que le public français est souvent bien loin d'imaginer.


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