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DocumentaMadrid 14

30 Avril 2014 | 11 Mai 2014
Entre patiner sur les rives déjà baignées de soleil du Madrid Río et gagner les salles climatisées de la Cineteca, nos pas ont choisi sans hésiter l'hétéroclite et solide programmation de cette 11e édition de DocumentaMadrid, cru 2014. Au cœur de cette programmation ouverte sur le monde proposée du 30 avril au 11 mai, Cinespagne.com est allé voir du côté des documentaires réalisés et/ou produits en Espagne. Cette édition a livré de belles surprises et de drôles d'objets non-identifiés, dont trois longs-métrages passés au crible...
Documenta-Madrid-14
Seul documentaire espagnol de la compétition long-métrage cette année, Bugarach restera sans aucun doute la plus belle surprise de ce Festival. Signé du trio Ventura Duvall – à qui l'on doit le troublant Les deux vies d'Andrès Rabadán -, Salvador Sunyer et Sergi Cameron, Bugarachnous emmène, en français dans le texte, à la rencontre du village du même nom. Perdu au milieu des montagnes françaises, Bugarach avait presque malgré lui connu le feu des projecteurs pendant les mois qui précédaient la supposée prophétie apocalyptique maya du 21 décembre 2012. De quoi chatouiller la curiosité d'une équipe de documentaristes espagnols qui, bien décidés à percer ce mystère, ont choisi d'y planter leurs caméras durant de longs mois. Au bout du chemin, un travail remarquable qui laisse des rencontres humaines inoubliables et un scénario suffisamment bien tenu pour saisir le mystique et l'étrange de ce destin hors du commun.

Faire appel à un directeur de photographie devenu aveugle : c'est cette idée pour le moins étrange qui va mener Sebastian Alfie jusqu'en Bolivie pour filmer un spot pour Ojos del mundo. Du nom de ce professionnel de la lumière ayant relevé le défi, Gabor est un hommage au cinéma avant d'être un récit sur le dépassement de soi. Lauréat du Prix Canal+ remis lors de cette 11e édition, le documentaire réussit sans misérabilisme à saisir également la belle complicité entre un réalisateur et son directeur de la photographie. Mais Gabor démontre surtout qu'un documentaire n'est qu'à moitié réussi si, seul, le protagoniste guide le spectateur à travers une histoire aussi intime qu'universelle.

Mais l'intime ne fait malheureusement pas tout. Lorsque l'écrasent l'esthétique et le vide, la quête de l'intime peut alors devenir voyeuse. C'est le goût amer que laisse Hotel Nueva Isla, de Irene Gutiérrez. Tourné pendant des mois au plus près de la silhouette malade d'un homme errant dans les décombres d'un hôtel de luxe cubain, ce documentaire présenté en section Panorama se laisse dévorer par une radicalité lourde et malsaine. Si le mérite se niche dans la complicité née entre la réalisatrice et son protagoniste, et si l'intérêt est à trouver dans quelques images d'une rare grâce, Hotel Nueva Isla transpire trop Pedro Costa sans pour autant parvenir à nous tenir en haleine.

DocumentaMadrid prenait ses quartiers au Cine Doré (Cinémathèque espagnole) et dans les salles de la Cineteca, temple madrilène du documentaire, tout au long de la saison. Pour prolonger depuis chez vous ces festivités, une partie de la programmation est disponible en streaming sur la plateforme Filmin.es...

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