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Famille et mémoire au coeur des Regards de Valence

16 Février 2013 | 23 Février 2013

Du 16 au 23 février, les Regards sur le cinéma espagnol et latino-américain donneront à Valence des couleurs, des sonorités et des saveurs hispaniques… Tous les ingrédients qui font la réussite de ce rendez-vous depuis 14 ans !

Festival Regards de Valence 2013

L’édition 2013 des Regards de Valence sera une nouvelle fois riche en émotions et en découvertes : plus de 30 films en version originale sous-titrée, 6 avant-premières, 9 longs-métrages espagnols et 23 latino-américains, 5 rencontres, 4 documentaires, 2 films d’animation, 2 réalisateurs présents et 5 films à destination du public scolaire.

Cette année, deux thématiques se dessinent : d’abord celle de la famille, microcosme en dysfonctionnement ou ultime refuge d’un monde actuel à la dérive, et la mémoire, qui continue à inspirer les cinéastes hispaniques, passé historique oblige. Ces deux axes seront présents dès le week-end d’ouverture, qui donnera le ton de cette quatorzième édition.

En effet, c’est le réalisateur Gabriel Velázquez qui donnera le coup d’envoi du festival le samedi 16 février à 20h avec la projection du multi primé Iceberg, film sur des adolescents dont les parents sont « absents » et qui vivent un moment difficile : l’entrée dans l’âge adulte. Le dimanche 17 février, le documentaire Ne pas s’avouer vaincu, de Henri Belin et Susana Arbizu, décrit le combat de Daniel Serrano, 91 ans, exilé républicain à Bobigny, pour réhabiliter la mémoire de son frère Eudaldo, maire adjoint du Front populaire fusillé en 1941 à l’issue de la Guerre Civile espagnole. Henri Belin sera présent pour défendre ce film émouvant, encore inédit en salles.

Le cinéma espagnol met la famille à l’honneur

Chez les réalisateurs espagnols, la cellule familiale sera abordée sous l’angle du drame dans Rêve et silence de Jaime Rosales, du fantastique dans Insensibles de Juan Carlos Medina, du conte dans Blancanieves de Pablo Berger, ou de l’animation dans La Tête en l'air d'Ignacio Ferreras. La famille sera également omniprésente dans la production mexicaine: Después de Lucía de Michel Franco, Post Tenebras Lux de Carlos Reygadas (avant-première le 18 février), La Demora De Rodrigo Plà, ou encore Ici et là-bas d'Antonio Méndez Esparza. C’est encore la famille qui sera le sujet de deux des films argentins présentés : Último Elvis de Armando Bo, où un homme ouvrier le jour et sosie d’Elvis la nuit doit endosser un troisième rôle, celui de père, et Jours de pêche en Patagonie, de l’incontournable Carlos Sorín, où un père part aux confins du pays retrouver sa fille qu’il n’a pas vue depuis des années. Du côté uruguayen, 3, de Pablo Stoll Ward (avant-première le 23 février) est une comédie centrée sur trois personnages, Rodolfo, son ex femme Graciela et leur fille, condamnés à être une famille. En Colombie, sur fond de conflit entre l’armée et les FARC, c’est toujours une famille que mettra en scène Miguel Courtois dans son dernier long-métrage, Operación E.

Exil et dictature en Amérique Latine

Mémoire personnelle et collective seront inextricablement liées dans les films latino-américains, qui reviendront une fois de plus sur une histoire douloureuse dont les blessures peinent visiblement à se refermer. Les réalisateurs argentins ont choisi de traiter la période de la dictature à travers le regard d’enfants. Infancia clandestina (avant-première le mercredi 20 février), de Benjamín Ávila, s’attache ainsi à Juan, 12 ans, dans le Buenos Aires de 1979. Mais à l’école, Juan se prénomme Ernesto: il ne doit pas l’oublier, le moindre écart pouvant être fatal à sa famille, rentrée d’exil sous une fausse identité. La projection du film sera suivie d’une rencontre avec Alice Verstraeten, anthropologue spécialiste des droits de l’homme et réalisatrice d’un documentaire sur la mémoire de la dictature militaire en Argentine. Dans El premio (avant-première le samedi 23 février), de Paula Markovitch, c’est encore une enfant, Ceci, qui porte une responsabilité trop lourde pour ses 7 ans : elle partage un secret avec sa mère et se met en danger le jour où l’armée demande aux élèves de son école de rédiger une lettre à la gloire des militaires.

Pablo Larraín retracera les derniers mois de la dictature de Pinochet dans NO (avant-première le mardi 19). Le réalisateur de Tony Manero et de Santiago 73, Post mortem, consacre encore une fois son quatrième long-métrage à cette période, s’intéressant ici au référendum qu’organisa Pinochet en 1990 face à la pression internationale, et à la campagne publicitaire audacieuse menée par l’opposition avec l’aide d’un jeune et brillant publicitaire, René Saavedra. Le film sera suivi d’un débat avec Franck Gaudichaud, maître de conférences en études hispano-américaines à l’Université de Grenoble. Enfin, devoir de mémoire rimera avec justice dans le documentaire péruvien Lucanamarca, de Carlos Cárdenas et Héctor Gálvez, qui montre un village reculé des Andes secoué par la présence de la Commission de la vérité et de réconciliation, venue ouvrir les tombes des victimes du Sentier Lumineux en avril 1983.

Musique, peinture et cinéma s’entremêlent

Comme chaque année, le festival réservera une place de choix à la musique : les rythmes hispaniques seront au rendez-vous, du documentaire Morente, Flamenco Y Picasso d'Emilio Ruiz Barrachina, en passant par le biopic Violeta, d’Andrés Wood, qui retrace le destin de Violeta Parra, icône de la musique chilienne, ou La Réverbération, de James June Schneider et Benjamin Echazarreta, qui suit les musiciens du groupe électro-rock Pánico dans leur quête initiatique au travers des contrées désertiques du Chili. Les arts plastiques ne seront pas en reste : avant-première de L'Artiste et son modèle, de Fernando Trueba, le 17 février, et exposition des œuvres du peintre chilien Francisco Sepúlveda, dont le vernissage aura lieu le premier jour du festival. Enfin, les enfants ne seront pas oubliés : un goûter leur sera proposé le samedi 23 après la projection du film d’animation Selkirk, le véritable Robinson Crusoé, de l’uruguayen Walter Tournier. Un beau programme à l’affiche, pour le plus grand plaisir des cinéphiles!

Cinéma Le Navire, 9 bd d'Alsace, 26000 Valence, 04.75.40.79.20. Programme sur http://www.lenavire.fr

Pass 10 films : 45 euros, séances de 4 à 8,50 euros, ciné-goûter : 5 euros

Christelle Guignot