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El muerto y ser feliz a conquis Cinespaña

La dix-septième édition du festival Cinespaña s'est achevée en beauté samedi 6 octobre 2012. Retour sur les réalisations des heureux lauréats.
Javier Rebollo et José Sacristán

Pour la première fois dans l'histoire du festival toulousain du cinéma espagnol, c'est un habitué de la Violette d'Or qui a remporté le prix du meilleur film. Après La mujer sin piano en 2010, Javier Rebollo a en effet séduit une nouvelle fois le jury professionnel de Cinespaña avec El muerto y ser feliz, un road-movieimprobable qui retrace le périple d'un tueur à gages en fin de vie, bien décidé à parcourir une dernière fois son Argentine natale. Le film s'illustre notamment par l'usage qu'il fait de la voix off, au service d'une distanciation comique qui signe le paradoxe de l'œuvre, à mi-chemin entre humour, rêve et omniprésence de la mort. Le tout est servi par des acteurs qui évoluent avec aisance dans cette atmosphère singulière. José Sacristán incarne à merveille le personnage principal qui, à force d'entêtement et de morphine, parvient à s'arracher de son lit d'hôpital pour s'offrir une dernière aventure en compagnie d'Erica, croisée au hasard de la route. Roxanna Blanco (Erica) a d'ailleurs été élue meilleure interprétation féminine à Toulouse pour son rôle dans ce film.

El muerto y ser feliz n'est pas le seul film en compétition à avoir réalisé des doublets sur cette nouvelle édition de Cinespaña : c'est également le cas de A puerta fría, signé Xavi Puebla, qui a remporté le prix de la meilleure interprétation masculine ainsi que celui du meilleur scénario. Le film plonge le spectateur dans un huis-clos étouffant, celui d'un salon international où des vendeurs confirmés, dont fait partie Salvador, et des jeunes arrivistes, comme son nouvel « associé », luttent pour obtenir les contrats les plus juteux. De l'enjeu vital que constitue cet événement pour le personnage principal naît une œuvre passionnante et d'une richesse psychologique surprenante. Car si la vie professionnelle de Salva ne semble tenir qu'au contrat de deux cents unités qu'il doit passer avec un colosse américain, sa rencontre avec une jeune employée de l'hôtel (incarnée par María Valverde) change radicalement la donne. Très justement récompensé, Antonio Dechent bouleverse par une présence cinématographique impressionnante, et fait corps avec Salvador dans sa lutte déchirante pour maintenir la dignité des deux personnages de A puerta fría.

Le prix de la meilleure musique originale revient au compositeur Pablo Cervantes pour la musique de Els nens salvatges (Los niños salvajes), de Patricia Ferreira. Celui de la meilleure photographie a été décerné à Migue Amoedo pour sa participation à De tu ventana à la mía, de Paula Ortiz. Seis puntos sobre Emma, premier né de Roberto Pérez Toledo, a séduit aussi bien le public que le jury étudiant et remporté la palme du meilleur premier film ainsi que le prix du public. Le jeune réalisateur y expose le désir le plus essentiel d'Emma, une jeune aveugle trentenaire : devenir maman, peu importe le père de l'enfant et les sentiments qu'elle nourrit à son égard. Mejunje, baptisé d'après le nom du club cubain dont traite cette réalisation de Juan Manuel Gamazo, a décroché la récompense du meilleur documentaire 2012 de Cinespaña. Gregorio Muro s'est enfin distingué avec son court-métrage animé Zeinek Gehiago Iraun, qui illustre pleinement la richesse d'un cinéma espagnol en plein bouillonnement malgré la crise économique majeure qu'il traverse.

Julie Thoin-Bousquié



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