Films
The secret life of words
On la découvre quasi autiste, atteinte de surdité, travaillant dans une usine d’Irlande. Son appartement ressemble à une chambre d’hôtel sans âme. Elle se nourrit uniquement de pommes et de poissons panés. Elle vit de façon machinale, totalement recluse, en refusant manifestement d’exister. Sa déficience auditive lui permet de se réfugier en elle et d’écouter le silence mis en scène par la voix d’une jeune fille qui semble loger dans son inconscient.
Un concours de circonstances un peu absurde amène Hanna à prendre des vacances dans une triste station balnéaire de la côte irlandaise. Une plate-forme pétrolière assombrit l’horizon du bord de mer. Par hasard, elle surprend la conversation de quelqu’un qui cherche une infirmière pour s’occuper d’une personne blessée sur la plate-forme. Elle se propose tout de suite en se déclarant infirmière.
C’est sur cette plate–forme et au milieu de l’océan que, durant un mois, Hanna s’intègrera à un groupe composé de sept personnages tous marqués par le même sceau de la culpabilité et de la solitude. Paradoxalement, cette atmosphère se révélera propice à ce qu’Hanna sorte de son mutisme. C’est Josef, l’ouvrier blessé interprété par Tim Robbins, alité et totalement dépendant, qui sera l’élément moteur du changement opéré chez Hanna. Il l’invitera à ne pas s’interdire le bonheur.
De ce goût de vivre, malgré la mort proche, d’Ann dans Ma vie sans moi, au personnage d’Hanna qui est condamné à vivre dans la culpabilité d’avoir survécu, Isabel Coixet interroge une nouvelle fois la frontière entre la vie et la mort. Sarah Polley semble être l’actrice idéale pour jouer des sentiments aussi opposés. La réalisatrice explique qu’elle a écrit ce rôle pour Sarah, parce qu’après avoir travaillé avec elle dans Ma vie sans moi, elle connaissait « son extraordinaire capacité à se métamorphoser. Cette qualité qui lui permet d’être maussade et tendre à la fois, douce et forte, peu aimable et charmante ». Cependant, la performance d’actrice de Sarah Polley ne permet pas à The secret life of words d’atteindre la qualité et l’émotion de Ma Vie sans moi.
Thomas Tertois

Isabel Coixet est née en 1962 à Barcelone. Encore enfant, grâce à sa grand-mère, guichetière dans un cinéma, elle assiste des après-midi durant à des projections de films. Se révèle alors chez elle, dès le plus jeune âge, une véritable passion. Cependant, quelques années plus tard, parce qu’il n’y a pas d’école de cinéma à... Lire la suite

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