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Affiche Chico et Rita

Chico & Rita

Fernando Trueba et Javier Mariscal
Avec la collaboration du musicien Bebo Valdés
Drame | Espagne, Cuba | 2011 | 1h33min
Goya 2010 du Meilleur Film d’Animation
Sortie en DVD le 06 Décembre 2011
Quand le jazz latino est là

Depuis Calle 54, on connaît la passion de Fernando Trueba pour le jazz latino. Chico & Rita est une adaptation libre de la vie de Bebo Valdés, célèbre pianiste et compositeur cubain. Dessin animé réalisé en collaboration avec le dessinateur Javier Mariscal, le film nous plonge amoureusement dans l'ambiance jazzy de La Havane et du New-York des années 50.

Une banale histoire d'amour ?

Cuba, années 2000. Chico parcourt les rues de La Havane d’un air détaché. Il déambule plus qu’il ne marche. De fait, il accomplit avec résignation les mêmes gestes auxquels il s’est habitué, en homme solitaire. Sitôt rentré, il allume la radio… Le son de quelques notes et le doux fredonnement d’une voix le projettent de nombreuses années en arrière.

En 1948, Chico n’avait rien de cet être hagard qui l’habite désormais. Pianiste talentueux, il écumait les soirées avec son meilleur ami. Rita, elle, était chanteuse. C’est lors d’une de ces soirées que Chico croisera le regard de la jeune femme et succombera au timbre de sa voix. Mais Rita, préférant les paillettes de Broadway à l'amour, quittera bientôt l'île pour rejoindre New York. Chico ne pourra pas vivre longtemps sans elle... Couples qui s’aiment à la folie tout en se détestant, sacrifices, trahisons, ruptures, réconciliations, cœurs brisés…l’industrie cinématographique regorge de ce genre d’intrigues, mais Fernando Trueba atteint dans ce film un degré de perfection sans égal.

Chico & Rita n’est pas une banale histoire d’amour, c’est également un hommage à un pays et à la musique de son temps. Cuba et le jazz occupent un rôle tout aussi primordial, voire plus important, que les personnages. On devine également un subtil tableau des questions socio-politiques de l’époque sans pour autant tomber dans un réquisitoire ou une analyse historique.

De Charlie Parker à Chano Pozo

L’habileté et la plasticité du graphisme, le choix de la bande sonore, l’agencement des séquences font de Chico & Rita un film d’une grande originalité. Comment ne pas se laisser envoûter par l’érotisme de certaines scènes, par ces musiques si entraînantes et ces paysages témoins de toute une époque ?

Le spectateur se retrouvera avec plaisir dans un décor dont il soupçonne qu’il n’a pas pu être créé de toutes pièces. Les rues de La Havane ont été dessinées d’après les photos d’archives que Fernando Trueba et Javier Mariscal sont allés consulter sur place. Il s’étonnera peut-être de la gestuelle des personnages. L’aisance avec laquelle ils bougent trahit un effort pour leur conférer une allure la plus réaliste possible. Les réalisateurs ont d’abord tourné avec des acteurs pour s’imprégner de certains mouvements, de certaines démarches pour les transformer ensuite en êtres « animés ».

Il appréciera également de croiser la figure de Charlie Parker ou encore de Dizzy Gillespie, de Chano Pozo (premier percussionniste cubain à avoir intégré un groupe de jazz), de Nat King Cole et de Ben Webster. Il s’en délectera d’autant plus qu’aucune des chansons interprétées ne lui sembleront connues. Et pour cause ! Elles ont pour la plupart été composées pour l'occasion par Bebo Valdés en personne. Entendons-nous : oui, il s’agit bel et bien d’un hommage à la musique des années 1940-1950 et en particulier aux artistes de La Havane. Mais cela ne supposait pas pour Fernando Trueba de reprendre les « classiques ». C’est certainement l’une des clés de la réussite de sa bande sonore, qui rend toute la richesse et la beauté de cette musique sans tomber dans des redites ou dans une compilation que l’on aurait pu juger trop « facile ».

Marta Martinez Valls


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