Une leçon de cinéma ?

C'est parce que le cinéma se regarde dans sa diversité que nous nous sommes rendus avec curiosité à la projection de Lurralde Hotzak (« les terres froides » en français) de l'enseignante et cinéaste Iratxe Fresnada. Présenté avec engouement par Emmanuel Larraz, le film s'annonçait « différent ».

Des images en plan fixe, souvent en face à face avec le sujet. Seul un berger au début est filmé puis l'absence des êtres humains. Des oiseaux capturés par le son, l'hiver dressant la nappe blanche sur toutes les surfaces. Des arbres, des bois et rivières. Des façades de maison. Des photos en noir et blanc de femmes dans des lavoirs lointains (cf. Eulalia Abaitua). Des situations de tournage plutôt rudimentaires. Des cadres symétriques. Plus que des plans dans des villes, capitales ou campagnes, des photos. Plus que des photos, des images. Plus que des images, une obsession pour le cinéma.

                                                « La película es el fuera de campo »

Ce film est un journal de bord d'une capitaine solitaire qui hante les temps et les espaces déjà traités dans l'histoire du cinéma. La cinéaste suit des traces et réalise un exercice-hommage à Lars Von Trier, dont l'enseignante a étudié l'œuvre pendant 10 ans, à Victor Erice, à Theo Angelopoulos, à Wim Wenders. Et à d'autres que vous aurez le plaisir de poursuivre au fil des images et des discours poétiques narrés. Ce film oblige le spectateur-flâneur à faire une pause. Une pause d'images par l'image. Une réalisation « détox » qui rappelle bien évidemment l'esthétique de Sipô Phantasma de Koldo Almandoz et renvoie aux théoriciens et philosophes des Arts.

Un « dispositif » qui pourrait être dit « poème visuel », « vidéo-art » ou encore « leçon de cinéma ». Suite à la projection de ce film, nous nous sommes interrogés sur la problématique de la réception et du plaisir du spectateur face à un objet audiovisuel si intimement froid.

Soyez prêts, vous ne sortirez pas indemnes de ce voyage en langue basque.