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Señorita María

10 Octobre 2018
Documentaire de 90 minutes qui reprend des images capturées par Rubén Mendoza, réalisateur colombien qui s'affirme au fur et à mesure de ces travaux comme un cinéaste subversif. Le festival de La Rochelle l'a accueilli en 2017 avec ces quatre longs-métrages précédents dont La Société du feu rouge aux traits buñuelesques. Pour le Panorama du cinéma colombien à Paris (10 -16 octobre 2018), il nous propose Señorita María : une approche de deux nouvelles figures sauvages à apprivoiser : María Luisa et la montagne.
affiche
Nous sommes restés cois suite à ce film d'ouverture. De l'humour pour panser les nombreuses plaies de María : une femme de 45 ans dans un corps d'homme, issue de géniteurs mystérieux, élevée là-haut dans la montagne, seule et regardée par tous à la fois. Le portrait se veut complet et complexe, la tâche semble avoir été laborieuse. Au gré des saisons et du travail de la terre, des aubes et des couchers de soleil, une éclipse en cadeau, la procession de cuivres retentissants nous transporte dans les montagnes colombiennes, au village de Boavita (haut lieu de création des FARC et zone d'origine du réalisateur).

Pour parler de l'identité, Mendoza parle de l'individu. L'apparente simplicité d'une vie de « pobre campesina » est un cliché démonté. La sagesse du village, sa cruauté aussi, l'empathie de certains, le mépris et la pitié d'autres remplissent les jours dématérialisés de la Señorita María, et il faut bien l'avouer, la vie de ses voisins. Tantôt bête de foire, tantôt étoile brillante des vies solitaires et monotones, elle est la plus admirable dévote. Catholique et conservatrice, rêveuse et transsexuelle, paysanne et pensive, elle crève l'écran de la caméra, plan fixe ou caméra au poing.

La force de cette femme ensorcèle l'œil du cinéaste : elle est la métaphore incarnée du chemin du créateur. Rubén Mendoza filme tout ce qui est nécessaire pour son public. Une soif de dire la dureté des conditions de vie à Boavita, la lenteur des gestes du quotidien et la force des mains travailleuses. Il montre la beauté de la terre Pachamama, la douceur de chevelures soyeuses, l'histoire des rides des anciennes, la défense de la dignité.

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