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Francesc est un jeune adolescent souffrant de bullying à l'école. Un jour, acculé dans les toilettes, il découvre Le mythe de Sisyphe posé là, en hauteur. C'est une révélation : il devient Jean-François et se définit comme existentialiste. Il n'est cependant pas d'accord avec les idées que Camus expose sur le suicide et décide d'aller le rencontrer ; son voyage le mènera jusqu'au Café de Flore.
Jean-François y el sentido de la vida est avant tout un film sur l'adolescence et tout ce que cette période implique de bonnes et de mauvaises expériences dans la vie d'un individu. Francesc (Max Megías vu dans la série El día de mañana et dans le film de Mar Coll, Tots volem el millor per a ella) est différent : il doit porter un patch sur son œil pour aller à l'école, il voit un psy (Pau Durá). Une cible de choix pour ses camarades de classe qui ne se privent pas de le harceler. Francesc vit une période difficile qui le poussera à entamer un road-trip vers le café de Flore, accompagné par Lluna (Claudia Vega, actrice principale de Eva de Kike Maíllo), une autre adolescente à la dérive.
Les teen-movies associés au bullying sont très présents dans la cinématographie mondiale. On pourrait par exemple citer Después de Lucía où une jeune femme disparaît à la suite d'une soirée avec ses camarades. Dans son premier long-métrage, Portabella (scénariste de El fin del mundo será en Brasil, 2013) traite ici la détresse adolescente avec une finesse loin de tout pathos dans une fuite ingénue vers la France. Elle dénote cependant une certaine invraisemblance et une impuissance de la part des adultes : l'adolescent est à la dérive, personne (ni sa mère, ni la directrice de l'école, ni son psy) ne parvient à l'aider, ce qui le pousse à fuir vers Paris. Comme si cette fuite pouvait gommer ses problèmes d'enfant différent. Le film se transforme en quête existentielle dans un monde où les adultes n'ont pas leur place : Francesc se donne une nouvelle identité en devenant Jean-François, il enlève son patch, découvre l'amour et la soif d'aventure. Tout devient possible, sa vie peut changer ; il s'ouvre au monde et renie sa propre identité.
Si le ton triste et dramatique est planté d'emblée dans un cauchemar de Francesc (celui de sa propre mort), le reste du film cherche néanmoins à aller vers la comédie ironique sous fond de musique classique et rock. Les acteurs plantent à la perfection leurs personnages en quête d'un sens pour leur propre vie. L'équilibre entre le dramatique et la légèreté est parfait. On pourrait cependant critiquer le fait que le film peine à trouver sa voie : il possède une vision originale de l'adolescence incarnée à travers cet adolescent qui change de vie et d'identité civile, mais il reste trop dans le road-movie avec des rebondissements incongrus (il faudra bien rentrer un jour à Barcelone). Une belle ode à l'adolescence qui nous rappelle, à l'heure d'internet, qu'il faut vivre et croire en ses rêves.
Aurore Kusy
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