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Pariente, clôture du Panorama du cinéma colombien

17 Octobre 2017
Retour en 2005, à Güepsa, dans la province de Santander, en pleine jungle colombienne. Cette vallée est le lieu de tournage de l'opera prima du réalisateur Iván D. Gaona, Pariente. Mariana, jeune promise de René, est toujours convoitée par Willington, le cousin éconduit. Eperdument amoureux, il essaie de reconquérir son cœur au rythme de ses nombreuses cassettes audios. Tous les personnages vivent en parallèle les ultimes moments d'une Histoire plus violente, celle des guérillas qui ont secoué pendant plus de 50 ans le pays. En fond, les dernières luttes du président Álvaro Uribe contre l'éradication des paramilitaires.
affiche

Western colombien sous fond de romance

La grande réussite du réalisateur réside sans nul doute dans le mélange des genres. D'un côté, l'histoire d'amour ratée de Willington (Willington Gordillo) et de Mariana (Laidy Herrera). Mais l'homme n'a perdu aucun espoir et lutte toujours. Son unique arme, la musique qu'il a fait découvrir à la jeune femme lorsqu'il était avec elle et qu'il continue à faire résonner lors de rendez-vous cachés. Pour Mariana, Willington restera toujours l'homme-musique, celui qui l'a faite tant vibrer... Face à cette histoire d'amour, des confrontations essentiellement masculines renouvellent le genre du western américain. La caméra s'attarde sur les visages burinés par le travail dans les champs de canne à sucre, use de champs/contre-champs parfaitement maîtrisés, la narration est clairement et intelligemment soulignée par une bande-son réussie, amplifiant à merveille les moments de tensions, les poursuites où les ennemis se cherchent, s'observent... on pense évidement à Ennio Morricone. 

Des acteurs non-professionnels 

Gaona a réussi son casting. Il nous présente une palette d'hommes au physique rude, empreint d'une masculinité qu'il ne vaut mieux pas remettre en cause. Ce sont de vrais ruraux mélancoliques qui ont perdus, semble-t-il, tout espoir en l'Homme. Ainsi, Heriberto (Heriberto Palacio), l'éleveur de porcs, désire seulement "vivre en paix". Willington, malgré sa quête amoureuse où il sait se montrer doux et attentionné, a néanmoins la rudesse de l'homme qui s'est habitué à vivre dans la méfiance, la peur et la violence. Seule Mariana, finalement, est à la fois douce et amoureuse mais c'est aussi une femme qui sait agir avec sang-froid dans une société où la violence a toujours cours. 

La douce musique d'Edson Velandia Corredor

La B.O. du film est essentiellement tirée de l'oeuvre du chanteur, compositeur et interprète colombien. Le film est rythmé par des compositions qui illustrent avec subtilité des moments clé de la fiction. Les paroles viennent souligner certaines scènes, sans les raconter, mais éclairent avec ravissement tantôt les sentiments des personnages, tantôt la dure réalité de l'Histoire.

Pariente, malgré des longueurs, est finalement un western-latino qui ravit par le jeu d'acteurs non-professionnels mais si justes. Edson Velandia rythme le tout de sa voix chaleureuse, à ne pas rater ce soir au cinéma Reflet Christine à Paris, avec la remise des Prix et le concert de ce grand artiste !

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