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A la rencontre d'une nouvelle génération de cinéastes espagnols

Biennale d'Annecy et Festival du Cinéma Espagnol de Nantes 2006

Le Festival du cinéma espagnol de Nantes, du 15 au 28 mars, et la Biennale du cinéma espagnol d'Annecy, du 17 au 28 mars, mettent sur le devant de la scène les jeunes cinéastes espagnols.
Affiche des Festivals d'Annecy et de Nantes 2006
L'Espagne a changé malgré nous, malgré notre volonté de l'enfermer dans les carcans de la guerre, de la dictature, puis dans cette image flamboyante de la Movida, de l'extravagance, de la fête et des plages. L'Espagne n'a plus rien à envier au reste de l'Europe. Elle est l'Europe. A ce titre, les Espagnols sont confrontés aux mêmes interrogations, aux mêmes problèmes sociaux que la France ou le Royaume-Uni. Les programmateurs d'Annecy et de Nantes ne s'y sont pas trompés en ciblant leur programmation sur des films récents, dirigés par des cinéastes qui, au plus, ont fait leurs premiers pas dans les années 90.

Pilar Martínez-Vasseur, co-directrice du Festival du Cinéma Espagnol de Nantes, parle « de l'éclosion d'une génération dont le pays d'adoption n'est plus vraiment l'Espagne mais le cinéma ». Isabel Coixet dont le dernier film, La vida secreta de las palabras, sera projeté lors des deux festivals, est la plus parfaite représentante de ce mouvement. Un cinéma qui fait abstraction, dans toutes ses formes, du national pour se projeter dans une sorte de no man's land où la recherche de l'intériorité et la quête de nouvelles formes narratives prennent le pas.

Dans le même temps, les cinéastes pris dans la spirale de la mondialisation ne peuvent écarter de leurs réflexions les questions de société et notamment celle de la relation à l'autre dans une Espagne d'immigration. C'est pourquoi la Biennale d'Annecy consacre un cycle « Frontera Sur », composé de fictions et de documentaires illustrant les espoirs et les illusions de ces jeunes immigrés qui tentent de rejoindre l'Europe par le détroit de Gibraltar.

Il ne s'agit pas pour autant pas de renier le passé et les deux festivals ne s'opposent pas à entamer un travail de mémoire historique et cinématographique. Le Festival de Nantes organise dans le cadre du 70ème anniversaire de la Guerre civile espagnole un cycle d'une vingtaine de longs-métrages, associé à un colloque qui se déroulera du 20 au 22 mars. La Biennale d'Annecy, dans la continuité, propose un cycle cinématographique sur la transition démocratique, avec notamment El crimen de cuenca de Pilar Miro et Pepi, Luci, Bom y otras chicas del montón, le premier long-métrage de Pedro Almodovar, qui soulevèrent tous deux de vives polémiques à leur sortie. Une table ronde sera également organisée dans le cadre du cycle « Frontera Sur ».