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Quelques minutes après minuit

Un Film de Juan Antonio Bayona
Avec Lewis MacDougall, Sigourney Weaver, Felicity Jones, Toby Kebbell, Geraldine Chaplin
Fantastique | Etats-Unis, Espagne | 2016 | 1h 48min
Un monstre vient nous voir

Le mercredi 4 janvier 2017.

Conor est un enfant de 13 ans qui vit une expérience affective redoutable. Pour faire face à la réalité, il dessine, écoute de la musique, va à l'école et assume des responsabilités lourdes bien courageusement. Malgré les apparences, il n'est pas complètement seul : un monstre conteur traversera avec lui son quotidien pesant pour atteindre la vérité des histoires, celle qui sort toujours de la bouche des enfants...

 

Une adaptation cinématographique est passée par là
Juan Antonio Bayona s'est uni à Patrick Ness pour s'approcher du livre A monster calls dont l'histoire originale est signée de la main de Siobhan Dowd. L'expression cinématographique de Bayona s'est déjà fait applaudir à Cannes en 2007 pour L'Orphelinat, qui construisait une réalité d'enfants. Et c'est lors de sa Masterclass du 29 décembre à l'UGC Ciné Cité Les Halles qu'il a, une fois de plus, souligné son intérêt pour les films racontés par les plus jeunes. « Le regard de l'enfant est celui qui mène vers la fantaisie et la vérité », a-t'il dit à la salle pleine. Quelques minutes après minuit est un drame fantastique et nécessaire. Il n'est pas une copie délavée d'une édulcorée morale de La Fontaine mais bien la mise en lumière des douleurs de la vie taboues bien qu'indéniables. Le monstre reste un monstre, la vie une épreuve mais l'amour permet la reconstruction. La réalisation de Juan Antonio Bayona aborde ici cette force imparable de l'héritage affectif qui passe de l'écrivain au lecteur, du réalisateur au spectateur, des personnages secondaires à Conor.
Et on en prend plein la vue et plein les oreilles grâce à la fantaisie délicatement dosée de Juan Antonio Bayona. Il est resté fidèle aux illustrations édifiantes de Jim Kay tout en apportant son coup de pinceau. La qualité des animations variées est indéniable. Elles jouent avec l'imaginaire collectif sans tomber dans des représentations enfantines plates. Les aquarelles et autres techniques d'animations avancées sont ici compatibles et porteuses d'intensité.
Seul bémol que nous ne souhaitons pas plus développer : la fin alourdit peut-être une histoire qui, même triste, aurait gardé sa luminosité.

Un casting appréciable mais pas assez original
Mettre en scène un enfant (Lewis MacDougall), des acteurs largement suivis (Sigourney Weaver, Liam Neeson pour la voix du monstre et les captures de mouvement) tout comme des personnages intradiégétiques originaux venant des mythes populaires irlandais, s'avère former un savant mélange cinématographique mais on reste sur notre faim. Lewis MacDougall a la particularité d'être un enfant en apparence hors du commun, tout à fait efficace dans son rôle, mais nous regrettons tout de même un génie, il semble trop banal aujourd'hui. Pourquoi ne pas faire jouer un enfant comme nous en croisons tous les jours ? Et Sigourney Weaver, grande interprète, incarne un personnage qui manque de relief, que l'on ait lu ou pas le livre, elle est malheureusement loin de cette grand-mère que nous avons tous, avouons-le, détestée! Le monstre est l'acteur le mieux dirigé : il ne tombe ni dans une excessive monstruosité repoussante ni dans un humanisme pseudo-solidaire. Il a la qualité d'être comme on peut se l'imaginer dans nos cauchemars, fidèle.

La fin de notre critique
La multiplicité des textures des images rassemble les histoires croisées dans le récit cinématographique principal et réserve, malgré une distribution attirante des rôles, des surprises qui plairont aux amateurs du cinéma espagnol. Une histoire poignante, peu dialoguée et très imagée la rend un brin trop rapide. La bande-son réveille, ce qu'on apprécie. Le monstre met à l'épreuve les plus réticents des adultes à l'égard des adaptations de la littérature de jeunesse et de leur puissance communicative. Le livre fait pleurer mais le film nous donne en bonus de mémorables instants de rire et même des images cultes du cinéma. Ce film n'est pas universel bien qu'il soit le produit d'une production onéreuse. Quelques minutes après minuit de Juan Antonio Bayona impose des touches personnelles dans une histoire d'amour et de chagrin alors... pourquoi pas !?

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