Honor de cavalleria n’est pas ce qu’on pourrait appeler une énième adaptation au cinéma du roman anti-picaresque de Cervantès. Oublions une seconde qu’il s’agit d’un film, fabriqué à l’aide de caméras et autres engins cinématographiques. Plantons-nous devant ce bizarre objet comme on se planterait devant une peinture (de Dali ?). Habitués que nous sommes à l’abondance des films contemporains – qui sortent chaque semaine en nombre incalculable – on atterrit quelque peu déconfits devant l’écran. Avis aux grands consommateurs, cette création d’Alberto Serra risque de les impatienter, de mettre leurs nerfs à rude épreuve… sûrement même de leur faire quitter la salle.
Honor de cavalleria n’est pas ce qu’on pourrait appeler une énième adaptation au cinéma du roman anti-picaresque de Cervantès. Oublions une seconde qu’il s’agit d’un film, fabriqué à l’aide de caméras et autres engins cinématographiques. Plantons-nous devant ce bizarre objet comme on se planterait devant une peinture (de Dali ?). Habitués que nous sommes par l’abondance des films contemporains – qui sortent chaque semaine en nombre incalculable – on atterrit quelque peu déconfits devant l’écran. Avis aux grands consommateurs, cette création d’Alberto Serra risque de les impatienter, de mettre leurs nerfs à rude épreuve… sûrement même de leur faire quitter la salle.
Aride, la Mancha
Des nuits… des jours… puis encore des jours… et puis des nuits. Quelques chants de grillons… d’autres de cigales. Et rien que de l’herbe sèche à se mettre sous la dent. Le personnage de Don Quichotte est lui aussi sec, comme un coup de trique. Son vieux corps est enfermé dans une cuirasse cabossée. Ses cheveux blancs sont balayés par le vent comme de la paille. Son fidèle serviteur, Sancho Pança, carrément obèse, donne un peu de rondeur. Rossinante est là aussi, ainsi que l’âne. Pas de doute, c’est la bonne histoire. Don Quichotte interpelle en permanence : « Sancho ! ». Celui-ci ne répond que sous l’insistance, reste docile, regarde là où son maître lui dit de regarder, fait ce qu’il lui dit de faire, répète ce qu’il lui dit de dire. Mais le regard de Sancho ne trompe pas : Quichotte est fou. Car il n’y a rien autour d’eux, si ce n’est ce paysage aride. Point de chevaliers à combattre ou de princesses à ravir, ni même de moulins à vent. Juste le vent. C’est en cela que le film atteint son probable objectif : il montre à voir un rêve idéaliste et absurde.
Un film d’aventures sans les aventures
L’exposé détaillé des péripéties ne serait pas bien fastidieux. Les plans fixes, quasi systématiques, ne laissent place qu’à une poignée d’évènements. Ainsi de la baignade dans une rivière. Quichotte y entraîne Sancho, qui renâcle malgré l’écrasante chaleur. Le vieux ne sait pas nager, alors il fait semblant, en barbotant avec ses bras tordus à la peau flasque. Il nous soutire un rire, ni éclatant, ni fou. Le rire de l’absurde, le nerveux, le grinçant, mais bien le rire. Comme lorsqu’on ne sait plus trop quoi faire de ce qui nous arrive, alors on en rit. C’est un peu là le miracle du roman de Cervantès : au travers de l’imagination de Don Quichotte, on rêve coûte que coûte et l’on se fout alors pas mal du prosaïsme du réel et de la plate insignifiance des choses.
Les acteurs ne sont pas des professionnels. Les dialogues ne sont pas millimétrés. Les paroles sont prononcées dans un rapide catalan qui ne cherche pas à être articulé. Honor de cavalleria n’est pas un film d’action. Le temps y prend son temps. C’est une sorte d’intermède dont on sort mort d’ennui, fou de sommeil, ou serein d’apaisement.
Guidés par le hasard, Don Quichotte et Sancho poursuivent jour et nuit leur voyage à la recherche d'aventures. Ils chevauchent à travers champs, conversant sur des sujets aussi divers que la spiritualité, la chevalerie ou simplement la vie quotidienne. Un lien d'amitié de plus en plus fort les unit.
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