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Le cinéma espagnol, 250 films incontournables de la cinématographie hispanique et latino-américaine, du cinéma sonore à nos jours, de Antxon Salvador

Le meilleur du cinéma en langue espagnole dans un volume qui rassemble à la fois les films des grands maîtres et des œuvres méconnues.
Couverture du livre
Comme l'explique Antxon Salvador dans l'introduction de son ouvrage, l'aventure de ce livre est née de la découverte d'un vide éditorial. Aussi surprenant que cela puisse paraître, s'il existe de nombreux ouvrages sur l'histoire du cinéma espagnol et quantité de monographies sur ses réalisateurs majeurs, aucun livre de référence ne rassemblait encore l'essentiel de la production cinématographique hispanique.

L'idée de départ n'était pas d'écrire un essai exhaustif, mais de faire une anthologie des longs-métrages les plus significatifs. Premier écueil : à l'ère de la mondialisation culturelle, la nationalité d'un film est devenue de plus en plus difficile à déterminer. L'espagnol Luis Buñuel a ainsi tourné plus de 20 films au Mexique, Le Labyrinthe de Pan a été réalisé par le Mexicain Guillermo del Toro mais son sujet est profondément espagnol. A l'inverse, Balseros est un documentaire écrit, produit et réalisé par des Catalans, qui traite de l'immigration cubaine aux Etats-Unis. De même, c'est un New-Yorkais, Joshua Marston, qui a réalisé María pleine de grâce.

Lorsque les frontières deviennent mouvantes, la langue reste alors le seul repère stable. Les auteurs se sont donc imposé l'espagnol comme unique dénominateur commun de cette collection, laissant de côté les films tournés en anglais (La vie secrète des mots d'Isabel Coixet, Les autres d'Alejandro Amenábar, 21 grammes d'Alejandro González Iñárritu), mais aussi dans d'autres langues (Lumière silencieuse de Carlos Reygadas, en bas-allemand, films en quechua ou en guarani...). Le volume inclut en revanche les films hispaniques de réalisateurs qui ne le sont pas (L'Espoir-Sierra de Teruel, d'André Malraux, El cochecito de Marco Ferreri, Soy Cuba, de Mikhail Kalatozov...).

S'est présentée ensuite la difficile tâche de la sélection : quels films retenir ? Sur quels critères ? Quelle part de films espagnols et de films latino-américains ? L'équipe de rédaction a décidé de se limiter à 250 titres, nombre suffisamment large pour proposer un panorama détaillé et assez raisonnable pour tenir dans un livre facile à consulter. Les auteurs ont ensuite tranché la question espagnol/latino: la moitié de chaque. Dans le groupe hispano-américain, les pays dotés d'une plus grande production comptent logiquement plus de titres. Le Mexique et l'Argentine sont les plus gros producteurs, suivis de Cuba. Le Venezuela, la Colombie, le Chili, le Pérou, la Bolivie, l'Uruguay et l'Équateur ont fourni enfin quelques rares films de leurs trop maigres productions.

L'anthologie s'ouvre ainsi sur un film mexicain de 1933, La mujer del puerto, d'Arcady Boytler, et se clôt avec Chico & Rita, le film d'animation réalisé par Fernando Trueba en 2011. Tous les genres, tous les pays et toutes les époques sont abordés, des espagnolades du franquisme comme Locura de amor de Juan de Orduña aux films polémiques de la transition espagnole tels que El Crimen de Cuenca de Pilar Miró, en passant par la saga populaire des Torrente, de Santiago Segura, ou le cinéma d'auteur d'une Lucrecia Martel avec La Ciénaga. L'intention des auteurs est de guider le lecteur et de lui faire découvrir de bons films, non de passer en revue la filmographie des réalisateurs les plus prestigieux. Ceci implique de limiter les Buñuel et Almodóvar (très présents malgré tout), de renoncer aux œuvres maudites et d'opter parfois pour des films moins connus mais souvent aussi intéressants que les grands classiques.

Le cinéma espagnol... se veut donc un outil : chaque film fait l'objet d'une fiche d'une ou deux pages selon l'importance du long-métrage, avec des informations techniques (scénariste, producteur, photographie, musique, interprètes, prix), un barème critique (évaluation des professionnels) et public (potentiel commercial), un synopsis du film, une note sur l'auteur et un commentaire. Le tout abondamment illustré, avec une mise en page sobre et un index qui facilite la recherche d'informations. Un livre aussi didactique qu'esthétique, qui invite le lecteur à devenir spectateur et illumine le cinéma de langue espagnole, partagé par plus de 400 millions de personnes dans une vingtaine de pays.



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