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Le Festival du cinéma espagnol de Marseille s'est clôturé samedi 16 novembre 2007 par la remise du Grand Prix CineHorizontes et du Prix du Public. Lo que sé de Lola confirme l'intérêt que lui attribuent les professionnels tandis que Calle Santa Fe reçoit le soutien du public à quelques jours de sa sortie nationale.
Lo que sé de Lola, Prix CineHorizontes 2007
Un film difficile

Lo que sé de Lola de Javier Rebollo obtient le Grand Prix Cinehorizontes 2007, remis par un jury professionnel présidé par Octavi Marti, correspondant en France du journal El País. Cette coproduction franco-espagnole remporte pour la seconde fois une telle distinction: le festival du cinéma espagnol de Nantes lui avait en effet décerné, en mars dernier, le Grand Prix Jules Verne 2007. Malgré ces récompenses, le film est sorti en France au mois d'août dans un quasi anonymat.

Il est vrai que c'est une réalisation sans concession sur le thème de la solitude et de l'isolement, qui n'a rien pour attirer le chaland. Une sorte de "Gros Câlin" à la Romain Gary, mais sans cette dose d'humour salvatrice. Javier de Lucas, directeur du Collège d'Espagne et président du jury de Nantes en 2007, parle « d'un film difficile qui est une belle métaphore du métier de cinéaste face à sa création. La question qui est posée est celle de la distance qu'un réalisateur doit avoir pour construire un récit cinématographique. C'est aussi un portrait magnifique de la solitude publique, avec ces gares froides et ces places vides parisiennes. Des espaces froids pour un film qui ne l'est pas. Lola, le personnage principal, fait le lien entre l'Espagne et la France. C'est un film courageux, original pour le cinéma espagnol, qui dérange et ne laisse pas indifférent les spectateurs ».

Autre prix, celui du public pour Calle Santa Fe de la chilienne Carmen Castillo. Sélectionné à Cannes dans la section Un certain regard, ce documentaire est celui d'une exilée chilienne qui revient sur les lieux de sa mémoire et de son combat politique. Une confrontation entre l'image et la réalité, une interrogation a posteriori sur l'utilité et le sens de la lutte.

Vif débat autour de Salvador

Salvador de Manuel Huerga aura aussi marqué les esprits de cette 6ème édition. Une fiction sur le destin bien réel de Salvador Puig Antich, militant anarchiste des années 60-70, qui fut condamné à mort et assassiné en 1974 par un régime franquiste en fin de cycle. Cette mise à mort avait soulevé l'opinion internationale et marqué toute une génération. Un retour donc sur un mouvement politique par la fiction. Le débat qui a suivi la séance s'est orienté sur certaines approximations historiques, sur la Loi dite de « mémoire historique » votée il y a peu par le gouvernement Zapatero, et sur l'aspect "commercial" du film.

Sur ce dernier point, l'angle choisi par Manuel Huerga semble tout droit sorti de l'imaginaire standardisé d'un directeur de programmation de TF1 ou de Telecinco. L'image a un sens, et celui qui nous est donné se trouve en décalage avec le mouvement politique auquel appartenait Salvador Puig Antich. On assiste à une sorte de détournement de l'Histoire (as)servie par une image publicitaire qui fétichise les scènes de hold-up et s'attarde sur le larmoyant. On peut se réjouir de la réaction vive d'une partie du public marseillais qui ne s'est pas laissé séduire par ce chant des sirènes. Ce film n'est pas le premier à vouloir faire d'un mouvement de lutte un spectacle audiovisuel: El Lobo et GAL de Miguel Courtois s'inscrivent dans une démarche similaire de la recherche d'une forme attractive au détriment du fond et du sens historique.

Thomas Tertois



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