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Sortie DVD : Les tournesols sauvages de Jaime Rosales

A l'occasion de la sortie en DVD, cinespagne vous en dit plus sur Les tournesols sauvages de Jaime Rosales !
Visuel DVD
Anna castillo petite

Sortie en salles le 2 août 2023 et en DVD le 5 décembre 2023 (En bonus, un débat avec la réalisatrice Elena López Riera et l’actrice Luna Pamies à la Quinzaine des Cinéastes - 22 mins).

  • Synopsis

À Barcelone, Julia, 22 ans, élevant seule ses deux enfants, rêve de liberté et d’émancipation. Comme un tournesol suivant sans relâche la lumière, elle part chercher le soleil sous d’autres horizons. Lorsque le hasard remet sur son chemin deux hommes qu’elle a connus par le passé, la voilà confrontée à des émotions contraires.

  • Biographie du réalisateur

Photo Jaime Rosales
Jaime Rosales est né en 1970 à Barcelone. Après avoir suivi des études de commerce à l’ESADE, une bourse, qui constituera l’impulsion décisive à sa formation cinématographique lui est accordée en 1996 pour étudier le cinéma au sein de la prestigieuse École Internationale de Cinéma et Télévision de San Antonio de los Baños (EICTV) à la Havane, puis à l’Australian Film Television and Radio School (AFTRS) à Sydney. Avec sa société de production Fresdeval Films, depuis les années 2000, il développe la totalité de ses projets comme réalisateur.
Sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs en 2003 pour son premier film The Hours Of The Day (et pour 4 autres de ses sept films depuis) le réalisateur s’est construit une véritable identité et se positionne comme un réalisateur emblématique du cinéma d’Art & Essai espagnol. La complexité de l’univers familial et sa violence parfois inattendue et implicite, ainsi que les enjeux de communication dans cette sphère si intime sont des thématiques récurrentes dans le cinéma de Jaime Rosales. En 2014, une rétrospective complète de son œuvre a été présentée au Centre Georges Pompidou à Paris avant de recevoir, 2 ans plus tard, les insignes de Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres. Les Tournesols Sauvages est son septième long-métrage.

  • Filmographie :

Les Tournesols Sauvages (Los girasoles silvestres) - 2022
Festival du film de San Sebastian 2022 - En Compétition
Petra - 2018
Festival de Cannes 2018 - Quinzaine des réalisateurs (Vendu dans plus de 15 pays, dont Etats-Unis, Chine, Japon, France)
La belle jeunesse (Hermosa juventud)- 2012
Festival de Cannes 2012. Un certain regard Prix spécial du jury œcuménique
Rêve et silence (Sueño y silencio) - 2012
Festival de Cannes 2012 - Quinzaine des réalisateurs
Un tir dans la tête (Tiro en la cabeza) - 2008
Festival du film de San Sebastian 2008 - En compétition Prix FIPRESCI de la critique internationale
La soledad - 2007
Festival de Cannes 2007 - Un Certain Regard Prix du Goya du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur nouvel acteur
Las horas del día - 2003
Festival de Cannes 2003. Quinzaine des réalisateurs Prix FIPRESCI de la critique internationale

  • Extraits d'un entretien avec Jaime Rosales : 

Quelle est la genèse du film ?

Je suis parti d’un reportage photographique, publié dans un magazine français. Il présentait la vie d’une jeune femme américaine, mère de deux enfants, à trois moments distincts de son existence. Elle était à chaque fois en couple avec des hommes, très différents les uns des autres. Ses enfants, toujours présents, étaient le pivot de son existence mais ses relations amoureuses occupaient une place tout aussi importante dans sa vie. Elles étaient jalonnées de conflits. C’est déjà très difficile de construire une relation amoureuse mais encore plus quand on est maman de deux enfants et que l’on est issue d’un milieu populaire. Je me suis dit qu’il serait intéressant de chercher à traduire en langage cinématographique ce reportage photo. Et de transposer cette expérience américaine dans la culture espagnole. A l’heure où la place de la femme et son émancipation occupent une place dominante dans les discours, montrer ce contre exemple d’une amoureuse qui a toujours besoin d’un homme à ses côtés m’interpellait. A travers les partenaires qui partagent la vie de mon héroïne, je fais un portrait de femme, tout en réfléchissant à la manière dont ces hommes construisent trois typologies différentes de masculinité. D’où le choix formel de chapitrer votre film autour des trois hommes qui partagent successivement la vie de Julia.

Pouvez-vous commenter le titre ?

J’avais envie d’un titre évocateur et qui ne soit pas explicite, dans le sens où il viendrait illustrer un thème ou une histoire précise. Je voulais quelque chose de plus poétique. Il y a une dimension contradictoire dans le titre car les tournesols ne sont pas sauvages mais le personnage de Julia, auxquels ils font écho, l’est. Elle se révolte contre sa destinée. Le tournesol cherche la lumière et est dépendant du soleil. Il bouge en fonction de lui. Julia, de la même manière, est dépendante des hommes et se déplace en fonction d’eux.

Comment avez-vous construit la tension qui infuse votre récit de bout en bout ?

On craint à chaque instant que le récit ne bascule dans le drame. Cette tension ne relève pas d’un processus conscient de ma part mais des spectateurs m’ont dit que dès la scène d’ouverture, ils avaient peur que les enfants se noient dans la mer. C’est assez mystérieux pour moi et même si on poursuit des thèmes en tant qu’auteur, l’œuvre a une vie autonome. Je suis toujours très surpris par ce que ressentent les spectateurs. [...]

Comment avez-vous travaillé avec Anna Castillo autour de son personnage qui grandit et évolue au fil du récit ?

Anna Castillo s’est présentée au casting deux semaines avant le démarrage des auditions car son emploi du temps ne lui permettait pas d’être présente le jour où l’on commençait les essais. Elle a fait une prestation extraordinaire mais je voulais encore voir d’autres actrices après elle. Elle s’est finalement imposée par son mélange subtil de technique et de naturel. Elle a quelque chose de charmant et de très touchant. On s’attache à elle. Cette alliance de charme et de technique impressionnante a conduit à son choix. Concernant ma méthode de travail avec les acteurs, nous improvisons autour des scènes, sans les analyser. Je parle assez peu avec eux de la psychologie et de l’évolution de leurs personnages. Je n’aime pas décortiquer le scénario. Mon approche est plus intuitive. Il y avait des scènes légères où Anna Castillo devait apporter de la joie, qui alternaient avec des scènes de conflits et de tension souterraine. Il lui fallait moduler son jeu d’actrice, comme on module le son. Je ne travaille pas les scènes en fonction de leur ordre chronologique mais selon leur intensité. C’est pareil pendant le tournage. Marcos (Quim Avila) représente le père défaillant et Alex (Luis Marquès), un père qui prend finalement ses responsabilités après une prise de conscience.

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Sont-ils des miroirs inversés ?

En effet, l’un est défaillant et l’autre assume finalement ses choix et ses responsabilités. Montrer cette différence était très important pour moi. Il y a des hommes qui sont défaillants pour des raisons qu’on peut comprendre, même si on ne les accepte pas. Et des hommes qui, sans être parfaits, assument leurs responsabilités. Julia a toujours assumé ses responsabilités et cherché un amour passionnel. D’où son parcours chaotique car elle n’arrivait pas à trouver quelqu’un qui lui donne de l’amour et de la stabilité. A la fin, Alex lui donne cet équilibre mais elle n’est pas aussi amoureuse de lui qu’elle l’était d’Oscar. Oscar est au-delà de la défaillance. On peut dire qu’il est toxique. Mon approche ne consiste pas à pointer qui des partenaires de Julia est le bon ou le mauvais. Mais si je me mets dans la position d’un spectateur, je me dis que le premier est toxique et le deuxième défaillant, ce qui n’est pas la même chose. Le troisième est, quant à lui, responsable. [...]

Peut-on les assimiler ?

Je ne le pense pas. Julia est loin d’être parfaite aussi. Je pense qu’elle est plus mûre qu’Oscar et que Marcos. Mais Alex est au moins aussi mûr qu’elle. Je m’étonne que des hommes comme Oscar aient un tel succès auprès des femmes. Bien qu’on ait posé le concept de masculinité toxique, les femmes continuent à être attirées par ce type d’hommes comme des abeilles avec le miel. C’est inexplicable. Outre cette question de masculinité toxique, vous rendez compte de la charge mentale qui pèse sur Julia. Jeune maman, elle a du mal à jongler entre ses études d’infirmière et sa vie de famille... Mon travail est un travail d’observation et je vois cette charge psychologique que supportent les femmes. Julia a deux enfants, un bébé et mène en parallèle des études. C’est quelqu’un qui a dû s’adapter à trois environnements de vie très différents. Elle emménage avec Oscar dans un appartement qu’elle n’a pas choisi, situé dans un quartier populaire de Barcelone. On ne sait pas très bien comment ils vont payer. Après, elle se retrouve à Melilla dans un environnement bourgeois à l’extérieur de la ville où elle poursuit son rêve de devenir infirmière. Cette charge pèse aussi sur Alex et le couple, en plus du contexte de pandémie que l’on peut voir dans le film. Le mouvement est prégnant dans le film.

Ces nombreux déplacements et espaces ont-ils une dimension symbolique ?

En général, je suis sensible aux espaces, moins au symbolisme qu’ils peuvent contenir mais c’est vrai que de manière inconsciente, ils peuvent se charger de sens. J’ai tourné la scène de plage au début, en reprenant la même manière de filmer que dans mon précédent film Petra. C’est la même matrice filmique : une steadicam qui flotte, rentre, regarde, s’éloigne, a sa propre autonomie par rapport aux personnages. Ensuite, j’utilise une caméra sur trépied qui panote et se tient au plus près des protagonistes. A la fin dans la forêt, la caméra s’avance vers Julia dans un mouvement direct de rapprochement. J’avais un prof à l’école de cinéma de Cuba qui nous disait qu’un film, c’est la première et la dernière scène. Le reste, selon lui, n’était que du remplissage. Mon film s’ouvre par une plage et se referme sur une forêt, bordée par un lac. Il y a donc deux points d’eau au début et à la fin du film, l’un agité, l’autre plus calme et qui pourrait correspondre à l’apaisement de l’héroïne.

  • Biographie de Anna Castillo

Anna Castillo Portrait Condor Distribution
Actrice espagnole née le 9 octobre 1993 à Barcelone, Anna Castillo débute sa carrière dans les années 2010. En 2013, la comédie musicale La llamada la révèle dans le rôle de Suzana, personnage qu’elle reprendra ensuite dans l’adaptation cinématographique internationale, intitulée Holy Camp !. Comédienne polyvalente, proche du cinéma d’auteur espagnol, ses rôles de personnages féminins captivants et profonds comme dans Viaje, et ses rôles dans des séries TV espagnoles populaires comme Paquita Salas ou Estoy Vivo font d’Anna Castillo une actrice plurielle. Considérée comme une des comédiennes les plus prometteuses du cinéma espagnol, son interprétation marquante d’Alma dans L’olivier, lui a été récompensé par le Goya du meilleur espoir féminin. En 2023, Anna Castillo fait ses retours aux Goya, où elle est nommée dans la catégorie Meilleure actrice pour Les Tournesols Sauvages.

  • Filmographie sélective

Les Tournesols Sauvages (Los girasoles silvestres) - 2022 de Jaime Rosales
Nommée au Goya de la Meilleure Actrice
Viaje (Viaje al cuarto de una madre) - 2018 de Celia Rico
Clavellino Prix Feroz de la meilleure actrice dans un second rôle Prix Gaudi de la meilleure actrice dans un second rôle
Holy Camp! (La llamada) - 2017 de Javier Ambrossi & Javier Calvo
Nommée au Gaudi de la meilleure actrice dans un second rôle
Paquita salas (séries TV) - 2016 / 2019 de Javier Ambrossi & Javier Calvo
L’olivier (El olivo) - 2015 de Icíar Bollaín
Prix Goya du Meilleur espoir féminin

Source : Dossier de presse de la distribution Condor Films

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