Manuel Gutiérrez Aragón est un réalisateur méconnu du public français. Malgré 40 ans de carrière et 23 films, dont certains primés dans les festivals les plus prestigieux, ce n'est qu'en 2002 que le grand public a pu découvrir son travail avec la distribution en France de Visionarios. Son oeuvre est ancrée dans l'histoire récente de l'Espagne, celle du franquisme, de l'ouverture démocratique et du conflit basque.

C'est d'ailleurs de l'ETA qu'il est question dans Todos estamos invitados, qui relate les intimidations et les menaces dont est victime Xabier (José Coronado), un professeur d'université très critique vis à vis du groupe terroriste. En parallèle, le récit s'attarde sur Josu, un jeune etarra emprisonné après avoir incendié un camion. Blessé par balle lors de son arrestation, le jeune homme perd la mémoire et se voit suivi en prison par Francesca (Vanessa Incontrada), une psychologue italienne, qui n'est autre que la fiancée de Xabier.

Par ce film, Manuel Gutiérrez Aragón voulait aborder un sujet qui est peu traité au cinéma et mettre en lumière les pressions subies par les personnes qui dénoncent publiquement les agissements de l'ETA.

Le reste du palmarès distingue Barcelona (un mapa) de Ventura Pons (prix du meilleur scénario), Siete mesas de billar francés (prix d'interprétation féminine pour Blanca Portillo), Todos estamos invitados (prix d'interprétation masculine pour Oscar Jaenada), Oviedo Express (meilleure musique et meilleure photographie), tandis que le prix du meilleur documentaire est décerné à Bucarest, la memoria perdida de Albert Solé et celui du public à Bajo las Estrellas de Felix Vizcarret.

Au-delà du palmarès, on notera une édition 2008 de Cinespaña assez conventionnelle, faisant l'impasse sur des propositions cinématographiques plus exigeantes et novatrices. Seuls Le Silence avant Bach de Pere Portabella, Barcelona (un mapa) de Ventura Pons et le drôlissime Time crimes (Los Cronocrimenes en espagnol) de Nacho Vigalondo sortent réellement du lot.