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La maleta

Un Film de Jorge Dorado
Avec Álvaro Morte, Verónica Echegui, María Eugenia Suárez
Thriller | Espagne, Argentine, Allemagne | 2022 | 1h 48min
Reims Polar
La maleta, le « profesor » à la recherche de sa rédemption.
La maleta de Jorge Dorado (Mindscape, 2013) est une coproduction entre l'Espagne, l'Argentine et l'Allemagne, distribuée par KMBO. Une aventure dans un bureau des objets perdus à la manière des cabinets de curiosité, nous transporte vers l'identification d'une valise et de son contenu d'un autre temps... ou d'un autre lieu car finalement, son égarement ne date que de deux ans. Repéchée dans les eaux drainées du fleuve madrilène, Mario mènera sa propre enquête... parviendra-t 'il à réparer l'irréparable ?

Ce thriller interprété par Álvaro Morte (La casa de papel) dans le rôle principal de Mario et par toute une équipe d’actrices et acteurs aux accents argentins, gravitent autour du mystère de la valise. La distribution est un atout pour ce film. Il est, bien entendu, difficile de se défaire de l’image du « profesor » pour apprivoiser ce Mario, reclu avec tous ces objets qui le fascinent. Il répare, classe, répertorie, accueille et rend les appartenances égarées. Il les protège et les cajole. Il prend soin des éléments « inanimés » mais très peu de lui. Son égarement est perceptible jusqu’au jour où il ouvre la valise et qu’il prendra la décision d’enquêter sur son histoire. La piste du thriller est lancée : pourquoi des vêtements de bébé, des jouets, une lettre manuscrite ? On se retrouve rapidement dans un réseau d’enfants volés, de prostituées condamnées, d’hommes puissants intouchables. C’est alors que l’idée nous semble intéressante, le rythme aussi, pourquoi pas les ellipses mais les informations données par des dialogues ternes ne nous permettent pas de rentrer totalement dans l’intrigue.

Le recours à des jeux de lumière -se rapprochant des techniques utilisées par les influenceurs des réseaux sociaux- donnent un aspect bien trop artificiel et pacotille à l’image. Un recourt abusif à des clichés du genre, peut-être, jette un voile synthétique à un thriller à la thématique dure ? Mario, seul contre tous, tombe amoureux d’une prostituée, Sara, dont on vante la singularité…impossible à identifier finalement. C’est ainsi que l’aspect « fantastique » du film s’installe mais nous éloigne de plus en plus de la qualité qui nous semblait être promise par le début du film.

Enfin, nous voilà dans des espaces à la cinématographie prometteuse mais là encore, à la mise en scène ou à l’exploitation, assez limitée. Ce film est un polar qui nous rappelle la dernière réalisation de Bajo Ulloa, Baby, d’un point de vue esthétique mais la mayonnaise ne prend pas. Les apparitions et le jeu de l’actrice María Eugenia Suárez Riveiro ne nous permet absolument pas de nous rapprocher de la véracité de son personnage à l’inverse de la policière interprétée par Verónica Echegui (Yo soy la Juani, 2006, de Bigas Luna) qui est peut-être celle dont ne pourrait se passer le film. Les nuances des personnages ne se discernent pas suffisamment pour profiter au maximum de la fiction. La fin peut tout autant décevoir que rassurer. Nous aurions aimé en savoir plus… ou en savoir autrement.

L’intention du réalisateur est assez claire sur ces points et évoque en nous l’envie d’échanger sur la définition des termes employés : « Mon objectif est de faire un film commercial, mais qui s'engage également à sensibiliser le public sur ce sujet. Un film qui toucherait la conscience des spectateurs, même si ce nest que pour une heure et demie. »

La maleta, écrit par le scénariste Natxo López, un thriller qui évoquera des sentiments certainement partagés chez les spectateurs, entre la déception et la sympathie, et qui ravira les fans de l’acteur Álvaro Morte, sort dans les salles françaises le mercredi 24 mai 2023. Prix du Polar à Reims.

Marie-Ange Sanchez


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