Films

affiche

Valentina

Un Film de Chelo Loureiro
Avec Andrés Suárez, María Manuela, Lúa Testa, Josephine Lockhart.
Comédie | Espagne | 2021 | 1h ORmin
Goya Meilleur film d'animation
Une ode à la différence

Le 21 février 2023.

Valentina a remporté le Goya du meilleur film d’animation en 2022 et on comprend vite pourquoi. Ce petit bijou est une véritable bouffée d’air frais avec pour la première fois dans le monde de l’animation, un personnage principal atteint de trisomie 21 (ou syndrome de Down). Ce conte musical et coloré nous entraîne dans le monde intérieur et merveilleux de cette petite fille pas comme les autres.

Productrice reconnue dans le monde de l’animation, Chelo Loureiro s’est lancée pour la première fois dans la réalisation avec ce très beau film d’animation. Inspiré d’une histoire personnelle, Valentina met l’accent sur la différence, comment l’accepter et vivre avec. Valentina est une petite fille atteinte du syndrome de Down et qui souhaiterait ne plus l’être car cela la rend « différente ». Le mot est dit. Très proche de sa grand-mère, Valentina ne comprend pas le départ soudain de celle-ci et, entourée de ses amis imaginaires, elle va alors plonger dans un voyage haut en couleurs et en émotions pour tenter de la retrouver. De ce voyage imaginaire, la petite fille en reviendra métamorphosée, avec des réponses et fière d’être qui elle est. Pour l’accompagner dans ce voyage, la petite souris Chiqui et ses ami·es issu·es d’un jeu d’échecs jouent également un rôle important et ont eux aussi des particularités et des « différences » qui les rendent uniques et vont naturellement l’aider dans sa « métamorphose ».

Malgré ce que l’on peut penser au premier abord, Valentina n’est pas un film qui traite du handicap en tant que tel. Au contraire, il démontre justement que ce qu’on appelle communément handicap n’en est pas forcément un et qu’il est possible d’en faire une véritable force. Chelo Loureiro déclarait même à RTVE : « Nous avons tous des handicaps, c’est juste qu’en général ils ne se voient pas et c’est injuste envers celles et ceux qui ne peuvent pas les cacher ». Et c’est également pour cette raison que la cinéaste a tenu à ce que ce soient des petites filles atteintes de trisomie 21 qui donnent leur voix au personnage de Valentina.

Ce long métrage d’animation possède deux niveaux de lecture, bien entendu un pour les enfants mais aussi un pour les adultes avec des petites subtilités que les enfants pourraient ne pas percevoir. Des détails qu’en tant qu’adultes nous comprenons rapidement où ceux-ci vont nous mener, à l’image de la disparition soudaine de la grand-mère ou encore la métaphore du papillon. Tout comme les thématiques de la différence, de l’amitié ou de l’imaginaire, celle de la mort est ainsi abordée d’une façon poétique et émouvante.

« Nous sommes tous différent·es, non ? Et être différent·e c’est génial, il faut seulement être toi ! »

Sur la forme, la réalisatrice n’a pas hésité à mélanger plusieurs styles de dessins ou d’animation, passant de la 2D à la 3D ou se rapprochant même d’un autre genre d’animation, celui des jeux vidéo. Le film s’ouvre et se termine d’ailleurs sur des illustrations au crayon derrière lesquelles se cache David Pintor, un illustrateur galicien qui compte plus de 70 livres à son actif, publiés dans plusieurs pays. En charge de la conception des personnages et décors pour Valentina, David Pintor confessait dans une interview à Cadena Ser avoir été ravi de cette collaboration, une première pour lui dans le monde du cinéma, et avoir vécu une émotion toute particulière de « voir comment un personnage que tu crées sur le papier, se met à bouger et prendre vie » passant de l’illustration à la technologie 3D. Le personnage de Valentina est ainsi très soigné avec ses yeux en amande et ses petites taches de rousseur et couettes rousses qui nous rappellent la célèbre Fifi Brindacier.

                                 valentina david pintor goya

 S’il y a un point sur lequel il n’y pas de doute, c’est que ce film a bien été produit en Galice. Si la localité aurait pu passer inaperçue dans un film d’animation, la réalisatrice a choisi de mettre en avant sa région, d’où également son intérêt de collaborer avec des professionnel·les galicien·nes. Lors de l’épopée de Valentina, si celle-ci est imaginaire, les paysages ne le sont pas et la Galice est joliment mise à l’honneur. C’est donc avec plaisir que nous découvrons, entre autres, de magnifiques plans depuis les toits du centre historique de Saint-Jacques de Compostelle avec vue sur son emblématique cathédrale, ou encore le célèbre parc de Bonaval. Le film a d'ailleurs été réalisé dans un premier temps en galicien avant de faire une version doublée en espagnol.

Au-delà de l’aspect émotionnel et pédagogique, Valentina est aussi un voyage sensoriel. L’esthétique du film est très soignée et les différentes techniques artistiques et musicales (bande son du galicien Nani García) se marient parfaitement pour donner au film un caractère fantaisiste, presque magique. On pense notamment à ces très jolis plans colorés au “sol mouvant” nous entraînant d’un paysage à un autre alors que la petite fille et son ami Chiqui avancent sur le fameux chemin de Saint-Jacques, reconnaissable à ces célèbres balises.

Un film plein de vie qui émouvra petit·es et grand·es et dont vous ressortirez avec le beau sourire communicatif de Valentina !

 

Agathe Ripoche


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