Treize religieuses d'un couvent claustral, 57 ans de Révolution, des décombres dans les rues et des personnes qui survivent dans un pays où le changement « semble » nous attendre au coin de la rue : Cuba. Un millón de hostias est une histoire simple mais difficile à identifier dans une nation dont le projet social a fermé ses portes à Dieu.

Quelques religieuses de La Havane fabriquent des hosties distribuées dans tout le pays. Ce récit est un prétexte réfléchi du réalisateur catalan David Moncasi qui nous montre judicieusement la dure réalité du Cubain lambda. La télévision nationale parle de « Maradona, Fidèl et des 5 Héros », les relations diplomatiques se rétablissent entre Cuba et les Etats-Unis et les ambassades s'installent dans chaque pays, l'Île reçoit à nouveau le Pape... mais le Cubain survit toujours dans son quotidien, rien ne change. Il fait face à sa condition avec la joie - ou la peine - d'avoir peu à perdre et beaucoup à espérer.
La trame principale repose sur plusieurs histoires qui s'entremêlent comme l'essence même du Cubain. Le spectateur progresse aux côtés de María Antonia dans les rues de La Havane, entre chez Mayelí et Cynthia, respire la tranquilité du cloître des Carmelitas Descalzas et partage la souffrance des parents de Liset provoquée par l'absence de leur fille. Les images font mal. Il s'agit bien de La Havane réelle, la ville mélancholique pleine de ses hommes et femmes inconnus, invisibles sur les cartes postales pour touristes.

Un millón de hostias ne laisse pas indifférent. Ce documentaire aborde bien plus que le travail laborieux des sœurs, il est la reconnaissance de ce que l'on veut rendre petit, quotidien, anonyme. Treize soeurs choisissent la vie cloîtrée et la fabrique d'hosties dans un pays où onze millions de Cubains ne peuvent choisir que si peu. Un Pape parle sur la Place de la Révolution. Des citoyens demandent l'obtention d'un visa à Saint Jude Tadeo. Des grilles en fer d'un couvent aux grilles idéologiques d'une nation... "Et ceux qui sont mort dans la mer?". L'ironie de la vie.