Films
Angel, une enfance en exil
Présenté lors du Festival Cinespaña de Toulouse cette année, Ángel, Une enfance en exil est un documentaire qui touche, avec pudeur et émotion,à l’Histoire ainsi qu'à notre mémoire collective. Ángel Fernandez, exilé républicain Espagnol, nous raconte à travers ses yeux d’enfant, la guerre d’Espagne et la période franquiste qui s’ensuivit. De Barcelone à Toulouse, le réalisateur Stéphane Fernandez revient sur les lieux de mémoire de cet homme. Des lieux, qui sont aussi les nôtres.
Film découvert à l'occasion du 21ème Festival Cinespaña de Toulouse, du 30 septembre au 9 octobre 2016, lors de la séance du mercredi 5 octobre au cinéma Le Cratère.
Grâce à Domingo, à sa présence, les souvenirs enfouis d’Ángel refont peu à peu surface et sa parole se libère. Une parole souvent emplie d’une émotion palpable qu’Ángel camoufle avec pudeur. Ses photos et ses dessins sont aussi là pour appuyer son récit. Des dessins, qui ont d’ailleurs inspiré les séquences d’animation, et qui entrecoupent poétiquement le documentaire. L’animation comme l’explique Stéphane Fernandez: « fait le lien entre un univers réaliste et onirique ».
Pendant une heure, le spectateur s’invite donc dans ce duo, suit avec curiosité leur discussion et prête une oreille discrète aux confidences d’Ángel.
Car il ne s’agit pas là d’un documentaire sur la guerre d’Espagne, mais bien sur l’histoire personnelle d’Ángel. Une histoire qui fait écho à celle de milliers d’autres personnes.
En 1937, le jeune Ángel alors âgé de 9 ans, voit sa mère mourir sous les balles des Franquistes. C’est le début d’une lutte pour survivre, le point de départ d’un exil forcé qui va le mener sur les routes catalanes et du sud de la France. Il a 10 ans et pour seuls repères familiaux, son frère et sa sœur.
Barcelone, Argelès-sur-mer, la Dordogne, Lyon…. Ce sont tous ces lieux qu’a choisi de filmer, caméra au poing, Stéphane Fernandez (le hasard veut qu’il ait le même nom qu’Ángel), lui-même petit-fils d’espagnols émigrés.
Ce n’est pourtant qu’un enfant, mais déjà Ángel est habité par la mort, aspiré par le vide et le silence qui l’entourent. Plus tard, à Sarlat, il retrouve d’autres réfugiés républicains espagnols. En 1949, alors militant anarcho-syndicaliste, il est arrêté et condamné à mort pour avoir voulu faire sauter un train qui transportait Franco. Il n’a que 20 ans.
Sa peine sera commuée en 30 ans de réclusion et il ne sortira de prison qu’en 1964.
Une phrase viendra résumer tout l’esprit de ce documentaire, « avant de tourner la page de l’histoire, il faut la lire, l’apprendre, la comprendre et l’assumer » et ouvre la réflexion sur cette mémoire qui nous appartient à tous et qu’il faut transmettre, tout comme vient de le faire Ángel.