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Dieu, ma Mère et moi

Un Film de Federico Veiroj
Avec Alvaro Ogalla, Marta Larralde, Bárbara Lennie, Vicky Peña
Comédie | Espagne, France, Uruguay | 2015 | 1h 20min
Compétition Officielle du Festival du Film de Toronto, Mention Spéciale du Jury au Festival de San Sebastián, Prix FIPRESCI
"Dieu, ma Mère et moi" : une folle quête de la liberté.

Federico Veiroj revient sur nos écrans avec un dernier opus frénétique. Álvaro Ogalla, co-scénariste et acteur néophyte, devient Gonzalo Tamayo : un étudiant en philosophie en phase d’émancipation. Une tendre comédie qui invite à applaudir une réflexion existentielle singulière dominée par le fameux effet papillon qui va affecter la relation que ce trentenaire madrilène entretient avec Dieu, sa Mère et... Lui-même.

Film vu à l'occasion du 21ème Festival Cinespaña de Toulouse, du 30 septembre au 9 octobre 2016.

Le vendredi 15 avril 2016. 

Dieu, ma Mère et moi est un film inspiré des lettres d'Álvaro Ogalla, adressées à l’Institution catholique, par lesquelles il sollicite son apostasie. Le personnage principal nous entraîne dans une comédie existentielle mêlant lourdes démarches bureaucratiques et personnelles. Dans un rythme construit autour de contrepoints musicaux (le piano de Federico Garcia Lorca et son "Romance Pascual de los Pelegrinitos", Lisabö –groupe basque qui a notamment travaillé avec le groupe français Expérience–, Prokofiev, le flamenco de El Cabeza et d'Estrella Morente Enrique) et de scènes fantasmées délirantes, Tamayo affronte ses propres moulins à vent. Ce jeune homme aux boucles angéliques s’agite et vit plus activement que jamais sa quête vers sa propre liberté.


Dieu…
L’expérience du catéchisme est relatée par un effet de miroir comique. Tamayo va dans son église pour entreprendre ses démarches et se retrouve, compatissant, face à un enfant de chœur qui a fait vœu de silence, face à un autre lui racontant la cérémonie des apostats et d’autres faisant partie d'une chorale. Le cloître de l’église abrite les échanges à la fois décomplexés et absurdes entre Tamayo et un prêtre "mondain" incarné par Jaime Chávarri. Sa volonté est claire : il souhaite apostasier et prendre ainsi pleinement sa vie en main. Le prête condescendant, au discours intrusif, précède les portes qui se ferment et les refus qui s’enchaînent. L’affirmation de l’existence de Tamayo passera alors par la fable traditionnelle des apostats : il volera sa page des registres et se retirera de l’Eglise en bonne et due forme.


ma Mère…
La mère de Tamayo (Vicky Peña), et sa famille au complet, est mise en scène dans des échanges sur des thèmes sans surprises (le qu'en-dira-t-on, les responsabilités deu fils, etc.). La métamorphose de Tamayo prend toute son ampleur lors d'un repas dominical nous rappelant le dîner des fous dans Viridiana de Luis Buñuel. Tamayo consommera une dernière fois les plaisirs de la chair dans une relation tendre, bien qu’incestueuse, avec sa cousine, référence avouée et appréciable de Federico Veiroj à Opera prima de Fernando Trueba et à La prima Angélica de Carlos Saura. La complète émancipation familiale prendra fin par le plan d'une Pietà inversée : le fils prenant sa mère dans ses bras afin de la rassurer. Tamayo côtoie également sa voisine avec qui il cèdera à la tentation charnelle et il deviendra un père de substitution pour le fils. Sa quête traverse donc la famille d’où il vient, et se dirige vers celle qu'il rencontre pour aller vers l'affirmation de son libre-arbitre.


et moi…
Les interrogations de Tamayo sont omniprésentes dans le film sans pour autant alourdir son déroulement. Le ton comique qui transpire des expressions figées du visage de Tamayo (il nous rappelle celles de Fernando Rey) rend aussi certaines scènes provocatrices. Tamayo opte pour sa liberté comme s’il lançait au bûcher la question « Être chrétien ou ne pas être ? ». Une quête pleine d’espoir rythme chaque plan du film et s'achève sur un morceau de flamenco interprété par Estrella Morente Enrique.


Dieu, ma Mère et moi contemple l’épanouissement d’un jeune homme madrilène de trente ans. D’une vie tumultueuse à la réalisation de ses vœux les plus profonds, Tamayo nous invite à croire à nouveau qu’un autre cinéma est possible. Et c’est avec une folle audace, comme le fit Benito Pérez Galdós avec « El Audaz, historia de un radical de antaño », que Federico Veiroj laisse ici passer la lumière.


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