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Affiche de La Mosquitera

La Mosquitera

Un Film de Agustí Vila
Avec Emma Suárez, Eduard Fernández et Martina Garcia, avec la participation de Fermí Reixach et Geraldine Chaplin
Comédie dramatique | Espagne | 2010 | 1h35
Sacrée famille!
Qui a dit que la vie était un long fleuve tranquille ? Ce n'est certainement pas la famille imaginée par Agustí Vila qui vous l'assurera : un fleuve, peut-être, mais tranquille, absolument pas. Et intarissable, encore moins ! D'où l'intérêt de se protéger... avec une moustiquaire, par exemple.
Alícia et Miquel forment un couple de la bourgeoisie catalane - la quarantaine, un enfant - confortablement installé dans ses silences et ses contradictions. La mère, toute dévouée à son fils et à ses dessins, ignore le père, qui se sent attiré par la femme de ménage, Ana, une jeune immigrée sud-américaine. Sergi, le fils, est en pleine crise d'adolescence. Sa dernière lubie : recueillir le moindre animal croisé dans la rue. Chiens, chats, oiseaux... Les parents n'arrivent même plus à les compter ! Le père étouffe dans ce grand parc zoologique qu'est devenu son appartement, mais impossible d'ouvrir les fenêtres, sa femme n'aime pas les courants d'air.

Le jour où l'un de ces animaux meurt défenestré, le couple éclate et Miquel quitte la maison. Dès lors, chacun des membres de la famille va pouvoir assouvir librement ses fantasmes. Le mari part vivre avec Ana qu'il « courtisait » depuis longtemps ; la femme fait la fête et entame une relation ambiguë avec le meilleur ami de son fils ; et ce dernier commence à se procurer de la morphine pour soulager, dit-il, la souffrance de ses protégés : il n'a pas supporté de voir son chat mourir sous ses yeux. A cette petite famille, il faut ajouter le duo rocambolesque formé par les parents de Miquel, un vieux couple qui enchaîne les tentatives de suicide pour éviter la maison de retraite, et celui de la sœur d'Alícia qui, bien que révoltée à l'idée de frapper un chien, s'acharne contre sa petite fille d'une dizaine d'années... Drôle de panoplie et sacrée famille !

Tableau grotesque mais pas pathétique pour autant, La Mosquitera enchaîne des scènes dignes d'un « esperpento » dont Ramón del Valle-Inclán aurait pu être fier. L'« esperpento », ce miroir déformant qui reflète pourtant la réalité telle qu'elle est. Un genre ni tout à fait tragique ni tout à fait comique qui permet de traduire l'ambiguïté et d'exprimer la duplicité du monde et de la vie. Dans ce film, une chose est sûre, les fous rires sont garantis. Le réalisateur exploite l'absurde avec brio et ne laisse personne indifférent. Ce même absurde qui vous laisse parfois pantois tant les répliques sont déconcertantes.

Marta Martinez Valls


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