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Les Regards sur le cinéma espagnol et latino-américain, dernière édition avant les 20 ans !

Du 7 au 18 mars, Valence va battre au rythme de l’Espagne et de l’Amérique latine pour la 19ème fois.  Au cinéma Le Navire vont être projetés une quarantaine de longs-métrages, une programmation de qualité avec avant-premières et autres films inédits. Mais les Regards, c’est aussi bien d’autres rendez-vous qui rendent ce festival si festif et convivial, rencontres avec les invités, apéritif d’ouverture, exposition photographique, concerts et autres soirées dansantes ! Suivez le guide, on vous en dit plus ! 
Affiche Film

Un ciné espagnol …

Une quinzaine de films est en provenance de la péninsule ibérique cette année. Une programmation qui va satisfaire les goûts de tous, petits et grands. Selfie, de Víctor García León avec l’acteur qui monte, est une comédie acide. On y suit Bosco (Santiago Alverú) dans ses errances depuis qu’il a été expulsé de sa luxueuse villa suite à l’arrestation de son père, membre du gouvernement, pour cause de nombreux délits. Une peinture caustique de la société espagnole actuelle avec un acteur qui commence à compter dans le Panorama espagnol (nominé cette année aux Goya dans la catégorie espoir masculin, invité au festival Different ! 10 à Paris en 2017 et invité d’honneur du festival corse Latinità qui vient tout juste de se terminer).

Été 93 (Estiu 93) premier opus de la jeune et prometteuse réalisatrice Carla Simón, que nous avions interviewée l’année dernière, est un film touchant, autobiographique, autour de l’adoption de la petite Frida par son oncle et sa tante suite à la mort de ses parents. C’est à la campagne le temps de cet été que Frida apprendra à surmonter ses peurs, accepter son chagrin et vivre sa nouvelle vie entourée de parents adoptifs et d’une cousine pleins d’amour. Un film qui a reçu l’Ours d’or du meilleur premier film à la Berlinale 2017 mais aussi aux Goya 2018, entre autres récompenses !  

Nous vous proposons également de venir voir le dernier film d’horreur de Paco Plaza, Verónica avec la célèbre Ana Torrent (révélée en 1977 dans Cría Cuervos de Carlos Saura), un film parfait pour les amateurs du genre. 

En soirée de clôture, le ciné-tapas autour du film basque Handia (Aundiya). Grand vainqueur des Goya cette année (10 statuettes dont meilleur scénario et Eneko Sagardoy révélation masculine), il ne faudrait pas laisser passer l'occasion de voir ce film basque, en basque, le plus vu de l'histoire du cinéma espagnol : historique, épique, mais aussi intimiste et sensible... Il devrait plaire au plus grand nombre et notons que peu programmé en France (uniquement au Pays basque pour l'instant), c'est donc une chance incroyable qu'offrent les Regards.

Et latino !

De l’autre côté de l’Atlantique, 6 pays à l’honneur.

L’Argentine est représentée par 5 films dont une avant-première avec le 3ème film de Julia Solomonoff (Hermanas et Le dernier été de la Boyita), Nobody's watching (Nadie nos mira), qui suit l’émigration d’un argentin trentenaire à New-York. La réalisatrice sera présente à la séance pour échanger avec le public. Le spectateur aura également le choix de voir El presidente de Santiago Mitre avec Ricardo Darín dans le rôle d’un président argentin rattrapé en plein sommet de chefs d’état par une affaire de corruption. Trois derniers films enfin closent ce focus Argentine : suivre Teresa dans sa traversée du désert argentin suite à l’acceptation d’une place à 1000 km de Buenos Aires (La fiancée du désert de Cecilia Atan et Valeria Pivato), assister à la relation de confiance fragile entre un cambrioleur et un propriétaire qui ne va pas le dénoncer (La educación del Rey de Santiago Esteves) ou bien voir Patagonia, el invierno, d’Emiliano Torres, une confrontation entre deux fermiers, Evans le vieil homme remercié et Jara, son jeune remplaçant, un bien beau rendez-vous en terre hostile.

Le Mexique vient aux Regards avec un biopic militant autour de Rosario Castellanos, romancière mexicaine connue pour son combat pour la cause féminine, un film diffusé en avant-premìère (Los Adioses de Natalia Beristain Egurrola). Chavela Vargas de Catherine Gund et Daresha Kyi est également un documentaire particulièrement intéressant sur cette autre figure majeure mexicaine, redécouverte notamment par Pedro Almodóvar qui aura fait beaucoup pour son succès en Espagne. Un travail d’archives rare, particulièrement soigné et documenté. Enfin Les filles d’Avril (Las hijas de Abril), de Michel Franco viendra compléter la programmation avec ce thriller glaçant où Emma Suárez signe un de ses rôles les plus beaux en femme manipulatrice parfaitement jouée, Prix du Jury Un certain Regard à Cannes en 2017.

Le Chili s'invite à Valence avec 5 films dont 2 avant-premières : Jesús de Fernando Guzzoni, un drame autour de Jesús, cet adolescent qui se déscolarise peu à peu suite à la mort de sa mère. Après l’évènement irréversible commis avec sa bande, il se rapprochera d’un père souvent absent. Mala Junta de Claudia Huaiquimilla traite aussi de l’adolescence chilienne mais du point de vue de la violence exercée contre les Mapuches. Une histoire d’amitié entre Tano (16 ans et en rupture scolaire) et Cheo, jeune mapuche victime de harcèlement. Deux autres films, Rara de Pepa San Martín, et Une femme fantastique (Una mujer fantástica) de Sebastián Lelio, traitent de thématiques LGBTQ : le quotidien de deux sœurs vivant à la mort de leur père avec leur mère et sa compagne ainsi que la vie de Marina, transexuelle, suite à la mort de son compagnon de vie, de vingt ans son aîné. Un rôle magistralement interprété par l’actrice transexuelle Daniela Vega pour un film primé dans de nombreux festivals. Un dernier film vient compléter ce zoom sur le Chili avec Mariana (Los perros) de Marcela Said, un 2ème long-métrage où une jeune femme (Antonia Zegers) est en rébellion totale avec une bourgeoisie corrompue mais aussi avec les hommes de sa famille, son père et son mari. Elle trouvera un certain soulagement, étrangement, auprès de son professeur d’équitation, soupçonné d’exactions durant la dictature chilienne…

La Colombie est bien représentée avec El silencio de los fusiles de Natalia Orozco, documentaire historique sur le processus de paix, mais aussi Jericó, le vol infini des jours (Jericó, el vuelo infinito de los días) de Catalina Mesa, en avant-première, un magnifique documentaire sur les femmes de Jericó, une tentative réussie de garder une partie de la mémoire vibrante d’un village de la Vallée du café, tout en poésie et en chatoyantes couleurs ! Colombiennes de Marcela Gómez Montoya et Simón Mesa Soto est un programme de cinq courts-métrages explorant la condition féminine colombienne contemporaine. Enfin, Juan Sebastián Mesa avec Los Nadie, un film sur la jeunesse de Medellín, cinq jeunes qui décident de voyager en Amérique du Sud pour connaître d’autres horizons. La caméra suit quelques jours avant leur départ, en noir et blanc, dans une ville hostile et chaotique, ces jeunes épris de culture punk entre graffitis, tatouages et musique.  

Deux autres pays à l’honneur : l’Équateur avec Alba, le premier long-métrage de Ana Cristina Barragán qui suit le personnage éponyme, 11 ans, dans sa cohabitation difficile avec son père après l’hospitalisation de sa mère, un père avec qui elle ne vivait plus depuis longtemps. L’enfant se crée son univers, entre peu à peu dans l’adolescence et s’accepte chaque jour un peu plus… Cuba enfin s’invite avec le documentaire de Lucy Walker lors de la dernière tournée du groupe Buena Vista Social Club (Buena Vista Social Club : Adiós). Un autre documentaire est diffusé également, celui de Renaud Schaack, Cuba, rouges années, dont le titre parle de lui-même : des témoignages et des archives inédites autour des transformations de Cuba dans les années 60 et leurs conséquences, une séance suivie d’un échange avec Janice Argaillot, Maître de Conférence spécialiste de Cuba à l’Université Grenoble Alpes. Enfin, le festival propose en reprise copie neuve Fresa y chocolate de Juan Carlos Tabío et Tomás Gutiérrez Alea, film phénomène dès sa sortie (1994), une histoire d’amour entre David, militant communiste chargé d’enquêter sur les activités transfuges d’un marginal, Diego…

¡ Bienvenido Antonio de la Torre !

Cet acteur aux plus de 60 films (dont une vingtaine déjà diffusés aux regards) est l’invité d’honneur. La rétrospective propose 5 films le samedi 10 mars. L’occasion de voir ou revoir La colère d’un homme patient de Raúl Arévalo (José, inconnu solitaire qui va entreprendre un voyage insolite avec Curro sorti tout juste de prison…), Que Dios nos perdone de Rodrigo Sorogoyen (un inspecteur enquêtant sur un serial killer à Madrid en 2011, lors d’un été où la capitale vit la montée du mouvement des indignés et la visite du Pape Benoît XVI), Balada triste de trompeta de Álex de la Iglesia (sous la dictature franquiste, un cirque triste et toute une galerie de personnages marginaux, mais surtout un autre clown, brutal, rongé par la haine et le désespoir, Sergio). En soirée d’ouverture le 7 mars, mais aussi le samedi, El autor de Manuel Martín Cuenca, adaptation du premier roman de Javier Cercas, El móvil. Un film inédit dans lequel Javier Gutiérrez est un écrivain obsédé par l’écriture d’un grand roman mais qui n’a aucun talent, au contraire de sa femme publiant pour sa part malgré elle un best-seller. Le couple se sépare et Álvaro décide de vivre son rêve d’écriture, en partant de la réalité… A ne pas manquer enfin, l’avant-première d’Abracadabra, le dernier film de Pablo Berger (réalisateur du merveilleux Blancanieves) : oscillant entre comédie fantastique, drame amoureux et thriller psychologique, c’est lors d’une séance d’hypnose que Carlos sera métamorphosé...

Un samedi à ne manquer sous aucun prétexte pour pouvoir échanger avec cet acteur qui a travaillé avec les plus grands réalisateurs espagnols et qui a pris dès 2008 un tournant plus international avec sa participation à Che : Guérilla.

Ciné VO, ciné engagé, ciné spécial scolaire, échanges, concerts… autour des Regards

La section "VO en anglais", réservée aux réalisateurs hispaniques qui tournent en anglais, proposera pour cette 3ème année d’existence La forme de l’eau (The shape of water), le dernier film du mexicain Guillermo del Toro, qui poursuit sa carrière internationale avec un film au mélange de genre réussi, multi-nominé aux Oscars 2018.

Cette année, la soirée "cinéma engagé" s’intéresse à la crise espagnole avec le film du chargé de recherche au CNRS Quentin Ravelli, adaptation de son livre Les briques rouges. Bricks évoque la crise de 2008 et l’éclatement de la bulle immobilière espagnole.

Les Regards proposent évidemment des séances jeune public, avec des films adaptés mais non moins de qualité : citons le célébrissime Coco d’Adrian Molina et Lee Unkrich ou l'avant-première du film d’animation Le voyage de Lila (El libro de Lila) de Marcela Rincón González.

Dans le cadre du partenariat entre les Regards et le GRIMH (Groupe de Réflexion sur l’Image dans le Monde Hispanique), Jean-Paul Aubert, Professeur des Universités à l’Université Nice-Sophia Antipolis, animera la soirée "Carte blanche au GRIMH" avec un regard sur le cinéma espagnol dit ‘’quinqui’’ avec Vivre vite! (¡Deprisa deprisa!) de Carlos Saura. Bienvenue dans la peinture d’une bande de jeunes, symbole d’une génération déboussolée postfranquiste et en pleine transition démocratique. Mais jusqu’où ira leur descente dans la vie dangereuse ?...

Les échanges avec Antonio de la Torre, Quentin Ravelli ou encore Jean-Paul Aubert ne seront pas les seuls. Sont également au programme Natalia Orozco, journaliste colombienne et réalisatrice de El Silencio de los fusiles sur le processus de paix avec les FARC en Colombie, Julia Solomonoff, réalisatrice argentine de Nobody’s watching. Janice Argaillot, docteur en études latino-américaines de l’Université de Cergy-Pontoise, échangera avec le public lors de la soirée ‘'Focus sur le Cuba des années 60’’ autour du film Cuba, rouges années.

Les Regards, c’est enfin un panel d’activités connexes avec des concerts (au Train-Théâtre de Portes-lès-Valence, au Théâtre de la Ville, au Bar l’Oasis Rock Café) de divers styles, une soirée festive au son du Mix latino du DJ Manouk, des ciné-goûters, et même une vente de produits espagnols et latinos en partenariat avec l’épicerie espagnole La Bonne Espagne et l’Association Ayllu.

Ce festival de qualité, soutenu par de nombreux partenaires privés et public, devrait une fois de plus séduire un large public, uni par le cinéma, les émotions et le plaisir de la convivialité !

#VAMOSALCINE !!!

 

Regards sur le Cinéma espagnol et latino-américain, du 7 au 18 mars 2018

Cinéma Le Navire, 9 bd d'Alsace, 26000 Valence, 04 75 40 79 20

Programme ICI

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Les Rédacteurs