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Cinespaña 2014 : malgré la crise, le cinéma continue !

03 Octobre 2014 | 12 Octobre 2014
La 19ème édition du festival du cinéma espagnol de Toulouse souligne le paradoxe d'un cinéma riche et créatif qui peine souvent à trouver son public.
Festival du cinéma espagnol de Toulouse - 2014 - 19ème éditio
2013 avait été qualifiée « d'année horrible » par le quotidien El País tant avait été forte en Espagne, et particulièrement pour le cinéma espagnol, la chute du nombre d'entrées dans les salles. L'année 2014 apparaît comme celle de tous les records. Ocho apellidos vascos du réalisateur Emilio Martínez-Lázaro, à voir dans la section panorama du festival, a battu tous les chiffres de fréquentation. Le « Bienvenue chez les Ch'tis » espagnol est devenu le plus grand succès du cinéma espagnol dépassant les 6,5 millions d'entrées. Et il est talonné depuis début septembre par El Niño de Daniel Monzón, le réalisateur de Cellule 211. Mais, ces succès cachent une réalité moins faste. Le cinéma espagnol a subi de plein fouet les restrictions budgétaires et l'augmentation de la TVA fin 2012 (de 8% à 21%) a encore fragilisé son industrie. Paradoxalement, le nombre de films produits ne fléchit pas et la créativité reste au rendez-vous. C'est le constat que fait l'équipe du festival Cinespaña et que sa sélection de fictions, de documentaires et de courts-métrages en compétition ou en panorama vient corroborer.

Avant-premières de La Belle jeunesse, 10 000 km, Amours cannibales et Peppermint frappé

Parmi les sept longs métrages de fiction en compétition, trois avant-premières sont soumises au regard d'un jury présidé par le réalisateur et scénariste Denys Granier-Deferre. Dans La Belle jeunesse, au cinéma le 10 décembre, Jaime Rosales filme un jeune couple qui essaye de s'en sortir dans la « grisaille espagnole ». Les deux personnages, magnifiques de jeunesse et de beauté, ne font pas de rêves irréalistes, ils voudraient seulement avoir un travail et suffisamment d'argent pour s'installer et vivre ensemble. Cet élan simple est brisé par leur absence de qualification et la crise économique. Que faire alors ? Le réalisateur filme au plus près et avec beaucoup de sensibilité leur quotidien sans s'abandonner à la recherche formelle dont il est coutumier. 10 000 Km de Carlos Marques-Marcet, au cinéma en 2015, fait écho au film de Rosales puisque le personnage féminin (Natalia Tena) accepte une résidence artistique aux États-Unis en l'absence de perspective dans son pays. Elle laisse son compagnon en Espagne et c'est au travers de leurs échanges, via une messagerie instantanée, que se déroule la suite de l'histoire. Un défi de mise en scène que relève avec brio le réalisateur. Plus déroutant et insolite encore, Amours cannibales de Manuel Martín Cuenca, au cinéma le 17 décembre, fait d'un tailleur prestigieux (Antonio de la Torre), un bourreau qui tue et découpe méticuleusement ses compagnes pour les déguster ! A noter également la projection sur une version restaurée de Peppermint frappé de Carlos Saura, film réalisé en 1967, que le public toulousain aura le privilège de redécouvrir avant sa réédition au cinéma le 19 novembre.

Lola Dueñas, invitée d'honneur du festival

Lola Dueñas est devenue une des figures emblématiques du cinéma espagnol depuis son Goya de la meilleure actrice dans Mar adentro d'Alejandro Amenábar en 2005 et le prix collectif d'interprétation féminine reçu au festival de Cannes en 2006 pour Volver de Pedro Almodóvar. L'actrice enchaîne depuis lors des rôles dramatiques (Ce que je sais de Lola, Yo, también) et des comédies (A la carte, Les Amants passagers, Les Femmes du 6éme étage). Elle a multiplié depuis 2013 ses participations dans le cinéma français et sera prochainement à l'affiche de cinq films dans des seconds mais aussi des premiers rôles. L'actrice amorce t-elle un virage hexagonal ? Est-ce là le reflet de la crise espagnole qui touche aussi des acteurs de premier plan ? L'actrice aura l'occasion d'expliquer ce tournant au public de Cinespaña lors des rencontres et des projections organisées le vendredi 10 octobre.

Thomas Tertois

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